La justice nigériane vient de frapper fort dans un dossier hautement sensible. Nnamdi Kanu, leader du mouvement séparatiste Peuple indigène du Biafra (IPOB), a été condamné à la prison à vie pour terrorisme par le tribunal d’Abuja, selon la chaîne Arise.

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« Dans l’intérêt de la justice, je condamne le prévenu Nnamdi Kanu, reconnu coupable, à la prison à vie au lieu de la peine de mort », a déclaré le juge James Omotosho, scellant ainsi le sort de l’homme devenu le visage de la lutte indépendantiste biafraise.

Plus tôt dans la journée, la justice a reconnu Kanu coupable d’instigation à la désobéissance aux autorités ainsi que d’appels à commettre des attentats contre les forces de l’ordre, comme l’a confirmé la chaîne Channels TV. Un cocktail d’accusations lourdes, au cœur d’un dossier mêlant sécurité nationale, politique et tensions communautaires.

Une arrestation controversée, un feuilleton judiciaire

Arrêté à l’été 2021 par les services de sécurité nigérians, Nnamdi Kanu, détenteur également de la citoyenneté britannique, aurait, selon ses avocats, été illégalement appréhendé au Kenya puis transféré vers le Nigeria, en violation des procédures d’extradition.

En octobre 2023, la Cour d’appel nigériane avait même ordonné l’abandon des charges et sa libération immédiate, estimant la procédure entachée d’irrégularités. Mais le gouvernement, invoquant une menace grave contre les intérêts nationaux, avait refusé de le relâcher et saisi la Cour suprême.

En décembre 2023, cette dernière annule la décision de la Cour d’appel, rétablit toutes les poursuites et ouvre la voie à la reprise du procès. Kanu est alors formellement inculpé pour haute trahison, tentative de déstabilisation de l’ordre constitutionnel, instigation et terrorisme.

Fondé en 2012, l’IPOB milite pour la création d’un État indépendant du Biafra dans le sud-est du Nigeria, une revendication qui réveille les douleurs profondes de la guerre civile nigériane (1967-1970) et continue d’inquiéter les États voisins, dont le Cameroun, frontalier de cette zone sous tension.

Autre verdict : 20 ans de prison pour un chef de l’ISWAP

Dans le même mouvement de fermeté judiciaire, la Federal High Court a condamné Hussaini Ismaila, l’un des dirigeants de l’ISWAP (État islamique en Afrique de l’Ouest), à 20 ans de prison, rapporte le journal The Nation.

Inculpé par le Department of State Security (DSS) pour terrorisme, Ismaila était poursuivi pour avoir coordonné les attaques de 2012 contre plusieurs postes de police dans l’État de Kano, au nord du pays. Il avait été arrêté le 31 août 2017.

Ce verdict s’inscrit dans le long combat mené par le Nigeria contre les groupes islamistes armés comme Boko Haram, apparu en 2002 dans l’État de Borno. Après les revers subis en 2015, le groupe s’était fragmenté, donnant naissance à l’ISWAP, plus structuré et actif autour du bassin du lac Tchad, une zone qui touche directement le Cameroun, le Niger et le Tchad.

Lecture camerounaise : un signal pour toute la sous-région

Pour les pays voisins, notamment le Cameroun confronté à Boko Haram dans l’Extrême-Nord et aux tensions identitaires internes, ces décisions judiciaires nigérianes apparaissent comme un message fort contre toute tentative de sécession armée ou de terrorisme organisé.

La condamnation de Nnamdi Kanu pourrait toutefois raviver les tensions dans le sud-est du Nigeria, avec un risque de troubles, de manifestations et de nouvelles vagues de répression. Une situation suivie de très près à Yaoundé comme à Abuja.

 

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Nigeria: Nnamdi Kanu Sentenced to Life in Prison, a Verdict Shaking West Africa

Nigeria’s judiciary has delivered one of its strongest decisions in recent years. Nnamdi Kanu, leader of the Indigenous People of Biafra (IPOB), has been sentenced to life imprisonment for terrorism by a court in Abuja, according to Arise TV.

“In the interest of justice, I sentence the defendant, Nnamdi Kanu, to life imprisonment instead of the death penalty,” said Judge James Omotosho.

Earlier, the court found Kanu guilty of instigating disobedience to authorities and calling for attacks against security forces, as reported by Channels TV.

Kanu was arrested in mid-2021. His lawyers claim he was illegally arrested in Kenya and transferred to Nigeria. In October 2023, the Court of Appeal ordered all charges dropped and his immediate release, citing unlawful extradition.

However, in December 2023, Nigeria’s Supreme Court overturned that ruling, reinstated the charges and authorized the continuation of the trial. Kanu was charged with treason, attempts to destabilize the constitutional order, incitement and terrorism.

Founded in 2012, IPOB seeks the independence of the Biafra region in southeastern Nigeria, a cause that continues to destabilize the area and raise security concerns across neighboring states, including Cameroon.

ISWAP Leader Sentenced to 20 Years

Meanwhile, Hussaini Ismaila, a senior member of ISWAP, was sentenced to 20 years in prison by the Federal High Court. He was accused of coordinating attacks on police stations in Kano in 2012. Arrested in 2017, his conviction marks another step in Nigeria’s fight against jihadist groups around Lake Chad.


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Moussa Nassourou

 

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