Afrique. Coup de théâtre en Afrique de l'Ouest : Le colonel Doumbouya officialise sa candidature pour décembre
Tandis que la Guinée ouvre la voie à son putschiste-président, Djibouti lève la barrière d'âge pour son vétéran du pouvoir, Ismaël Omar Guelleh. Deux trajectoires, une même tendance : la pérennisation du pouvoir en place.
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L'image était forte, calculée, presque un symbole. Ce lundi, le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, s'est présenté en personne devant la Cour suprême de Conakry, protégé par un impressionnant dispositif de forces spéciales. L'objet de sa visite ? Déposer solennellement sa candidature à l'élection présidentielle prévue le 28 décembre prochain. Une scène qui marque un tournant décisif pour un pays qui tentait de se relever du coup d'État de septembre 2021.
Avec ce geste, le chef de la junte militaire transforme l'essai et passe de la promesse de transition à la concrétisation d'une ambition présidentielle. La voie était tracée : l'adoption d'une nouvelle constitution par référendum en septembre dernier a habilement annulé la clause de la Charte de la transition qui interdisait aux putschistes de se présenter aux plus hautes fonctions. Une réécriture des règles sur mesure qui permet à Mamadi Doumbouya de briguer légalement un mandat qu'il détient déjà de fait.
La course est lancée, mais sur une piste dont les lignes ont été redessinées par le pouvoir en place. Plus de 50 partis politiques et une vingtaine de candidats indépendants ont également déposé leur dossier avant la date limite du 3 novembre. Tous les regards sont désormais braqués sur la Cour suprême, qui devra, dans les 45 prochains jours, examiner et valider cette liste de prétendants sous le contrôle de la direction générale des élections. Ces élections, les premières depuis la prise de pouvoir par les militaires, s'annoncent comme un test crucial pour la crédibilité démocratique de la Guinée.
À des milliers de kilomètres, une manœuvre constitutionnelle similaire
Dans le même temps, à Djibouti, un autre scénario de consolidation du pouvoir se jouait. Ce dimanche, le parlement a définitivement voté en faveur de la suppression de la limite d'âge pour la fonction présidentielle. Une décision qui ouvre grand les portes du palais présidentiel à Ismaël Omar Guelleh, 77 ans, pour un sixième mandat en 2026.
La manœuvre, bien rodée, a suivi son cours : après une première approbation parlementaire la semaine dernière, l'amendement a dû être validé par le président lui-même avant un vote final de l'Assemblée nationale. La boucle est bouclée. La Constitution, qui interdisait jusqu'ici aux candidats de plus de 75 ans de se présenter, est ainsi adaptée aux ambitions de celui qui règne sans partage sur le pays depuis 1999.
Derrière cette décision se profile l'ombre d'un enjeu géostratégique majeur. Djibouti, petit pays d'un million d'habitants, est un géant de la géopolitique régionale. Son accès au détroit de Bab-el-Mandeb, voie maritime cruciale, et son port abritant des bases militaires américaines, françaises et chinoises, en font un point névralgique que M. Guelleh entend visiblement continuer à contrôler.
Deux pays, une même logique : l'État cadenassé
La Guinée de Doumbouya et le Djibouti de Guelleh illustrent, avec des méthodes et un calendrier différents, une tendance persistante sur le continent : la fermeture de l'espace politique par ceux qui en détiennent déjà les clés. Que ce soit par la force puis la légalisation a posteriori d'un coup d'État, ou par le remodelage des textes fondamentaux pour éliminer les obstacles à la longévité au pouvoir, le résultat interpelle.
Alors que la Guinée s'apprête à vivre un scrutin sous haute tension et que Djibouti prépare déjà la suite, la question de l'alternance démocratique en Afrique reste, plus que jamais, d'une brûlante actualité.
Political Shockwaves in West Africa: Colonel Doumbouya Files Candidacy for December Election
In a powerful and symbolic move, Colonel Mamadi Doumbouya, Guinea's transitional president, personally submitted his candidacy to the Supreme Court in Conakry this Monday, surrounded by special security forces. This act marks a pivotal moment for a nation still grappling with the aftermath of the September 2021 coup d'état.
By this gesture, the junta leader moves from promising a transition to pursuing a presidential term. The path was cleared by a new constitution, adopted via referendum last September, which cleverly overrode the Transition Charter's clause banning coup leaders from running for the highest office. This tailor-made legal rewrite allows Doumbouya to formally seek an office he already holds de facto.
The race is on, but on a track redrawn by the incumbent power. Over 50 political parties and about twenty independent candidates also filed their applications before the November 3rd deadline. All eyes are now on the Supreme Court, which has 45 days to vet the list under the supervision of the general election directorate.
Meanwhile, a Similar Constitutional Maneuver Thousands of Kilometers Away
Simultaneously, in Djibouti, another power consolidation play was unfolding. This Sunday, parliament definitively voted to remove the presidential age limit. This decision paves the way for Ismaïl Omar Guelleh, 77, to run for a sixth term in 2026.
The well-orchestrated maneuver followed its course: after initial parliamentary approval last week, the amendment required validation by the President himself before a final National Assembly vote. The circle is now complete. The constitution, which previously barred candidates over 75, has been adapted to the ambitions of the man who has ruled the country with an iron fist since 1999.
Behind this move lies a major geopolitical stake. Djibouti, a small nation of one million people, is a giant in regional geopolitics. Its access to the Bab-el-Mandeb Strait, a crucial maritime route, and its port hosting US, French, and Chinese military bases, make it a strategic hub that Mr. Guelleh clearly intends to keep controlling.
Two Countries, One Logic: The Locked-Down State
Guinea under Doumbouya and Djibouti under Guelleh illustrate, with different methods and timelines, a persistent trend on the continent: the closing of the political space by those already holding the keys. Whether through force followed by the subsequent legalization of a coup, or by reshaping fundamental texts to remove obstacles to power longevity, the outcome is striking.
As Guinea prepares for a high-stakes election and Djibouti plans for the future, the question of democratic alternation in Africa remains more relevant than ever.
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Moussa Nassourou
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