Inde. Inde entre barrage stratégique et bataille du basmati : Pékin et Bruxelles dans le viseur de New Delhi
L’Inde vient de franchir une étape majeure dans sa stratégie géopolitique et économique. D’un côté, New Delhi a lancé la construction d’un méga-barrage dans l’État frontalier d’Arunachal Pradesh, pour se prémunir contre les risques liés au projet hydroélectrique titanesque que la Chine prévoit sur le fleuve Yarlung Tsangpo. De l’autre, le pays affronte l’Union européenne dans un bras de fer commercial autour du label "basmati", symbole de son patrimoine agricole.
ADS
Selon la chaîne News18, la société publique NHPC Limited a lancé un appel d’offres international pour bâtir le barrage de Dibang, haut de 278 mètres et attendu pour 2032. Il doit servir de bouclier face aux lâchers d’eau massifs que Pékin pourrait orchestrer depuis sa future centrale hydroélectrique au Tibet, un projet dont la puissance serait trois fois supérieure à celle du barrage des Trois-Gorges en Chine. Avec une production estimée à 300 milliards de kWh par an, l’infrastructure chinoise est perçue par New Delhi comme une arme potentielle, capable d’assécher le Brahmapoutre ou de déclencher des inondations soudaines, qualifiées de "bombe à eau" par le ministre en chef de l’Arunachal Pradesh, Pema Khandu.
Mais l’Inde ne se bat pas seulement sur le terrain de l’eau. À Bruxelles, le pays exige le droit exclusif d’utiliser le label "basmati" dans le cadre des négociations d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Cette revendication, déposée dès 2018, entre en collision avec celle du Pakistan, qui estime que ce riz parfumé est aussi un produit de ses terres agricoles. L’UE, prudente, craint de froisser Islamabad tout en évitant d’envenimer ses relations avec New Delhi.
L’accord commercial Inde-UE, entamé en 2007 mais suspendu en 2013, a repris en 2022. S’il devait aboutir d’ici la fin de l’année, il pourrait remodeler le commerce entre les deux blocs. Mais la bataille autour du basmati, aussi culturelle qu’économique, illustre les tensions persistantes. Entre rivalités hydrauliques avec la Chine et bras de fer agricoles avec l’Europe, l’Inde s’impose comme un acteur qui ne cède pas un grain de riz ni une goutte d’eau dans la défense de ses intérêts stratégiques.
India between water wars and rice rights: New Delhi challenges China and Brussels
India is pursuing a dual battle on the global stage. Domestically, it has launched the massive Dibang Dam project in Arunachal Pradesh, aimed at countering China’s plan to build the world’s largest hydropower plant on the Yarlung Tsangpo by 2029. Seen as a "water bomb" risk, the Chinese megaproject could alter the flow of the Brahmaputra River, threatening India’s ecology and security.
Meanwhile in Europe, New Delhi is clashing with Brussels over the exclusive right to the “basmati” label in the EU market. The dispute, also involving Pakistan, complicates ongoing free trade negotiations between India and the EU, which resumed in 2022 and could conclude by year-end.
From rivers to rice, India is signaling that it won’t compromise on its strategic and cultural assets.
Inde, barrage Dibang, Arunachal Pradesh, Chine, Yarlung Tsangpo, Brahmapoutre, Pékin, hydroélectricité, Trois-Gorges, sécurité hydrique, Pakistan, riz basmati, Union européenne, libre-échange, NHPC Limited, relations internationales, géopolitique Asie, commerce Inde-UE
Moussa Nassourou
ADS
ADS














