À quelques jours de l’élection présidentielle du 12 octobre, la campagne électorale connaît un coup de théâtre. Issa Tchiroma Bakary, figure incontournable de l’opposition et candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), mise sur une stratégie inédite : une levée de fonds nationale pour financer la surveillance du vote. Une initiative qui secoue l’échiquier politique et interpelle autant qu’elle divise.

ADS

Le pari est de taille. L’objectif affiché est de mobiliser la somme colossale de 400 millions de FCFA. Cette manne financière, collectée auprès des militants, sympathisants et mécènes, est destinée à une seule mission : déployer un dispositif d'observation massif et infranchissable dans les 35 000 bureaux de vote que compte le Cameroun.

Une réponse à la défiance ambiante

Dans un contexte politique camerounais marqué par la méfiance et les allégations récurrentes de fraudes électorales, la manœuvre d'Issa Tchiroma est un coup de poing sur la table. Son camp ne s'en cache pas : il s'agit de prendre à contre-pied les tentations de tripatouillage des procès-verbaux et d'instaurer une vigilance de tous les instants.
« C'est la volonté ferme de défendre chaque bulletin et de veiller au respect de la volonté populaire », martèle son entourage. Le message est clair : face à des institutions électorales dont la crédibilité est souvent mise à mal par l'opposition, le peuple lui-même deviendra le garant de la transparence.

La bataille démocratique a un prix

Le candidat ne présente pas cela comme une simple collecte, mais comme une « bataille démocratique ». Chaque citoyen est sommé de se positionner et de participer, « selon ses moyens », à ce qu'il présente comme le rempart ultime contre la confiscation du verdict des urnes. Cette approche populiste et participative vise à créer un sentiment d'engagement collectif et à délégitimer par avance toute contestation du processus.

Cette initiative, inédite dans les annales politiques du Cameroun, pose une question fondamentale : la transparence électorale doit-elle reposer sur la capacité de financement des candidats et de leur base ? Si elle est saluée par certains comme un acte de salubrité publique, d'autres y voient le signe d'une défiance irrémédiable envers les structures de l'État ou une stratégie de communication agressive. Reste que, à l'approche du 12 octobre, Issa Tchiroma réussit, une fois de plus, à placer la question de l'intégrité du scrutin au cœur du débat.
 

---

Cameroon – 2025 Presidential Election: Issa Tchiroma Launches "Citizen Fund" to Scrutinize the Poll, a Bold Gambit for Transparency

Just days before the October 12 presidential election, the campaign has been jolted by a surprising move. Issa Tchiroma Bakary, a key opposition figure and candidate of the Front for the National Salvation of Cameroon (FSNC), is betting on an unprecedented strategy: a national fundraising drive to finance vote monitoring. An initiative that is shaking up the political landscape and raising as many questions as it is generating reactions.

The ambition is huge. The stated goal is to raise the colossal sum of 400 million FCFA. These funds, collected from party members, supporters, and benefactors, are destined for a single mission: deploying a massive and impenetrable observation apparatus across Cameroon's 35,000 polling stations.

A Response to Widespread Distrust

In a Cameroonian political context marked by distrust and recurring allegations of electoral fraud, Issa Tchiroma's maneuver is a bold statement. His camp makes no secret of it: this is about preempting any temptation to tamper with results and establishing round-the-clock vigilance.
"It is the firm will to defend every ballot and ensure the respect of the people's will," his inner circle insists. The message is clear: facing electoral institutions whose credibility is often challenged by the opposition, the people themselves will become the guarantors of transparency.

The Democratic Battle Has a Price

The candidate frames this not as a simple collection, but as a "democratic battle." Every citizen is called upon to take a stand and contribute, "according to their means," to what he presents as the ultimate bulwark against the theft of the people's verdict. This populist and participatory approach aims to create a sense of collective engagement and to preemptively delegitimize any challenge to the process.

This initiative, unprecedented in Cameroon's political history, raises a fundamental question: should electoral transparency rely on the fundraising capacity of candidates and their base? While hailed by some as an act of public salvation, others see it as a sign of irremediable distrust in state structures or an aggressive communication strategy. Nevertheless, as October 12 approaches, Issa Tchiroma has once again managed to place the issue of electoral integrity at the heart of the debate.
 

Issa Tchiroma Bakary, Présidentielle Cameroun 2025, Front pour le Salut National du Cameroun, FSNC, levée de fonds électorale, surveillance électorale, transparence élections Cameroun, observateurs électoraux, fraude électorale Cameroun, scrutin 12 octobre, financement participatif politique, politique Cameroun, élections Afrique, démocratie Cameroun, bureau de vote Cameroun

Ange NGO

 

Lire aussi : Présidentielle 2025 : Issa Tchiroma dénonce l’arrestation d’Aboubakar Ousmane Mey et interpelle le régime
Lire aussi : Présidentielle 2025 : Issa Tchiroma prône une sortie conditionnelle du franc CFA, adossée à la relance productive
Lire aussi : Cameroun 2025 : Les entreprises sur le qui-vive avant la présidentielle, mode d'emploi pour un scrutin sous tension