Opération Épervier. Cameroun - Opération Epervier: 20 ans de prison pour Inoni et Mebara - Après la condamnation… Les familles des accusés en détresse

Florette MANEDONG | Le Messager Jeudi le 03 Octobre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le verdict a été rendu au cours de la dernière audience d’hier mercredi 2 septembre 2013, dans le cadre de cette affaire de détournement de fonds public opposant l’Etat du Cameroun et le ministère publics à l’ex Pm Ephraïm Inoni et Cie.

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Le Tribunal criminel spécial (Tcs) a tranché. Au cours de la dernière audience qui s’est tenue mercredi 2 septembre 2013, trois des quatre coaccusés ont été reconnus coupables et condamnés à des peines d’emprisonnement et à payer des amendes et autres frais à l’Etat et au Trésor public. Ainsi, Kevin Joseph Walls, s’en tire avec la plus grande peine, soit la prison à vie. L’ex-Premier ministre de la République du Cameroun, Chief Ephraïm Inoni et l’ex-secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Jean-Marie Atangana Mebara écopent quant à eux de 20 ans d’emprisonnement ferme chacun.

Plus tôt à la reprise de cette audience qui avait été suspendue avant la tenue des élections couplées du 30 septembre dernier, aux environs de 10h30, Yap Abdou, président du Tribunal criminel spécial et siégeant comme président de la collégialité dans le cadre de cette affaire, reconnaît les accusés coupables. Il s’est, à cet effet, basé sur les faits suivants : selon lui, tel que démontré par l’accusation, les conditions de passation de marchés pour l’audit des avions de la Camair se sont faites de manière irrégulière, car n’ayant pas fait l’objet d’un quelconque appel d’offres, vu l’importance du marché et compte tenu du fait qu’Apm n’était pas la seule entreprise spécialisée dans le domaine. Par ailleurs, la correspondance du ministre d’Etat Atangana Mebara du 23 janvier 2003 au ministre des Transports lui enjoignant d'attribuer le marché à Apm, déterminait ainsi, son implication et d’avance, le choix de l’entreprise à sélectionner. Quant à l’ex-Pm, il avait tout intérêt à ce que se tienne l’affaire, du moment où il avait des intérêts dans l’entreprise Apm, en tant que Président du conseil d’administration (Pca).


Dommages et intérêts

De ce fait, Kevin Joseph Walls, Chief Inoni Ephraïm, Jean Marie Atangana Mebara, ont été reconnus coupables de détournement de la somme de 287 millions Fcfa, somme versée à Apm pour le contrat d’audit des avions de la Camair. Une convention conclue en violation des règles édictées par le décret du 30 juin 2000 en son article 87 qui prescrit la procédure d'appel d'offres pour les marchés supérieurs à 50 millions Fcfa. En l'espèce, que ce soit par son montant qui s'élevait à 287 millions Fcfa ou par nature même de la prestation, l’appel à concurrence s'imposait. Mais la convention a attribué exclusivement le marché à Apm. En plus, l’ex-Pm et l’ex-Sgpr ont également été reconnus coupables du détournement de la somme de 1.425 milliard Fcfa, reliquat de deux transferts de fonds effectués à l’endroit de Ansett Wold Wide, pour le paiement des arriérés des loyers d'avions de la Camair.

Otelé Essomba Hubert Patrick Marie a été déclaré non coupable pour faits non établis. Kevin Walls a donc été condamné à la prison à vie et ses deux autres co-accusés à 20 ans d’emprisonnement ferme. Par ailleurs, ils sont condamnés à payer solidairement à l’Etat du Cameroun des dépens qui se chiffrent à 89 millions Fcfa. Et à rembourser au Trésor public les 287 millions et 1.4 milliards pour les deux. Soit un montant total d’environ 1 milliard 800 millions Fcfa.

La décision du tribunal a été rendu, après que la défense ait plaidé les circonstances atténuantes, car selon l’accusation, les coupables méritent la prison à vie, selon article 184 du code pénal.

Florette MANEDONG



Après la condamnation… Les familles des accusés en détresse

Larmes par là, insultes et jurons par ci, les parents présents au procès, ont laissé éclater leur douleur et/ou courroux à l’issue de cette condamnation qu’ils trouvent injuste.

Un jour inoubliable. Surtout pour les membres de la famille de Chief Ephraïm Inoni et les populations du village Bakingili venues le soutenir. Il l’est aussi, mais encore moins pour la famille de Jean-Marie Atangana Mebara « déjà habituée » aux décisions de justice : « ça ne fait rien. 20 ans c’est même petit, et ça passe très vite en plus. Nous savons que nous ne sommes pas des voleurs, car ce sont les voleurs qui remboursent. Les vrais voleurs sont relaxés et même nommés, pendant que les innocent croupissent en prison ».

La famille de l’ex Pm, beaucoup plus réservée, n’en revient tout simplement pas. Tout d’abord, avant la lecture du quantum des peines, lorsque seulement les accusés ont été déclarés coupables, l’épouse de Chief et l’une de leur fille se sont écroulées en pleine salle. Perturbant quelque peu le président du tribunal qui a dû stopper la lecture du verdict pour leur permettre de sortir. L’épouse est transportée, tandis que la fille en larmes, est accompagnée à l’extérieur de la salle d’audience. De temps en temps, au fur à mesure que se poursuit l’audience, un membre de ladite famille éclate en sanglot… . Certains lancent des paroles désagréables. D’autres parlent de machination, de complots… « Il ne pouvait en être autrement. Sinon, comment expliquer qu’ils aient repoussé l’échéance après les élections, c’est purement stratégique et politique, car les populations du Sud-Ouest n’auraient pas voté pour le Rdpc. Ces magistrats exécutent les ordres donnés ». Et une jeune dame de rétorquer, « il n’en est rien ! Ce sont juste des omelettes ! Ils sont peureux ! La preuve, Schlick n’est pas mort, il est en vie. Et pourtant, il a fait son travail ».


Tristes révélations

Pourtant, les condamnés disent n’en vouloir à personne : « J’ai une certaine expérience des choses de l’Etat et je peux vous dire que, l’agneau pour être immolé, n’a pas besoin d’être coupable », dixit Mebara. Pour l’ex-Pm, « je suis une victime collatérale. Mais, j’aime mon pays le Cameroun et je resterais un digne fils de ce pays ». Le plus abattu, curieusement, reste malgré tout Otelé Essomba que les uns et les autres se sont succédé pour tour à tour consoler. Car, plusieurs fois reconnu non coupable, il l’a été une fois de plus devant cette juridiction, après avoir purgé des peines d’emprisonnement gratuites. Les condamnés disposent néanmoins de 48h pour faire appel. Et leurs conseils sont affirmatifs sur ce point, ils feront appels car tous les arguments par eux développés au cours de ce procès, n’ont pas été pris en compte à les en croire.

Florette MANEDONG 

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