Cameroun - Insécurité. Nord-Ouest: Des affrontements entre Balikumbat et Bambalang font un mort

Fréderic Takang | La Nouvelle Expression Jeudi le 10 Mars 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans la nuit de samedi à dimanche. Bilan: 1 mort, 4000 sans abris, 400 habitations incendiées. Un litige foncier à l’origine de la tension.

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La tension est loin d’être tombée entre les villages Bambalang et Balikumbat, dans le département de Ngoketunjia, dans la région du Nord-Ouest. Tension consécutive aux affrontements dans la nuit de samedi à dimanche entre les populations de ces deux localités. Le gouverneur de la région, Abakar Ahamat, descendu sur le terrain lundi, a eu à prendre la mesure de l’ambiance chaude qui règne entre les habitants des deux villages qui partagent une frontière commune.

Tout est parti, selon des témoignages recueillis sur place, «des funérailles organisées par les Balikumbat juste à la frontière entre les deux villages.» Une dispute qui a débuté d’après nos sources depuis de nombreux mois et qui serait lié à une parcelle de terrain réputée fertile, sur laquelle chacun des deux villages voulait faire valoir son droit de possession. D’après le Fon de Bambalang, la croisade a commencé au petit matin. Bambalang dort alors. Pendant ce temps, une armée de « minute-men » levée à Balikumbat se glisse dans le village, vers le lieu disputé, l’encercle. Poussé par des cris de guerre, machettes et fusils traditionnels au poing, bidons d’essence et allumettes à la main, l’assaut est lancé. Paillotes, cabanes, villas, palaces: tout ce qui vit est attaqué, extrait des maisons. Pris au dépourvu, submergés par cette marée humaine, vieillards, jeunes gens, femmes, enfants et bébés se pressent dans la brousse. “Aucun ménagement, aucun égard pour les malades”, témoigne Norbert Kwalla, un habitant de Bambalang. « Nous ne pouvions rien contre les Balikumbat parce qu’ils nous ont attaqués par lâcheté », lance quelqu’un dans la foule. Le village est vidé de ses habitants, l’animosité se tourne vers les bêtes. Cochons, poulets, chèvres sont éventrés. Viendra le tour des cultures alentours des concessions…

Sur une distance d’environ 8 km, tout a été pillé. « Des actes biens planifiés », dira le gouverneur. L’école primaire, l’église et le centre de santé n’ont pas été touchés. De ces affrontements entre ces villages, une personne a rendu l’âme. Il s’agit de Emmanuel Mucho Fopou, sauvagement étranglé, le pied amputé et emporté comme trophée. Les restes de ce dernier gisaient encore sur les lieux à l’arrivée de la délégation venue de Bamenda. De nombreuses personnes, gravement blessées, y compris par balles, ont été internées à l’hôpital de Ndop, chef lieu du département. Des blessés dont l’état de santé, selon les autorités administratives, n’est guère reluisant, en raison des traumatismes graves dont sont victimes certains d’entre eux. On dénombre aussi plus de 400 habitations détruites ou consumées par les flammes.

Au moment où nous quittions les lieux, l’intervention des gendarmes et du Bir de Bamenda avait fait cesser momentanément les combats. Une colonne de la gendarmerie a été maintenue dans cette zone, aux fins de dissuader les populations qui sont toujours sur le pied de guerre.

Abakar Ahamat, après la visite des lieux, a déclaré a la presse que : « Les coupables seront punis. » D’après lui, « ce sont des actes regrettables et insupportables. ». Une réunion de crise s’est tenue dans la salle de conférences de la préfecture, à Ndop, une réunion qui a vu la participation des deux fons. Le gouverneur a instruit le préfet du Ngoketunjia de mettre sur pieds deux commissions. La première sera charge d’évaluer les dégâts et la deuxième se chargera des enquêtes. Abakar Ahamat a invité tour à tour les fons à plus de retenue et de dialogue.

Au palais du fon de Bambalang, Des hommes, femmes et enfants, évalués par l’administration à plus de 4000, sont arrivés les mains vides, leurs agresseurs les ayant dépouillés de tout, en particulier des vêtements. Quelques uns ont de la famille à Ndop. Les autres logent à Bamali, le village voisin. Des enfants qui s’ébattent à même le pavé de la cour. Des femmes qui pouponnent des nourrissions en pleurs. Des mémères qui papotent. Des adultes oisifs qui devisent, l’oreille souvent collée au transistor. Des vieillards assis, assoupis, absents… « Ici, il n’y a rien à manger, indique un riverain. On dort à même le sol, sur des matelas de chiffon, sans drap, engoncés dans des pardessus, les adultes souvent entremêlés aux enfants, les femmes aux hommes. » Cette promiscuité constitue un souci majeur pour le Fon de Bambalang.

 

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