Présidentielle 2011. Présidentielle 2011: Comment Paul Biya fabrique des candidats fictifs

Michel Michaut Moussala | Aurore Plus Mercredi le 07 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Avec seulement cinq millions de Cfa d’une caution dont on ne nous dit pas encore si elle est remboursée, quelques milliers de francs pour les timbres, n’importe quel Camerounais a une chance d’être candidat à la présidentielle contre Paul Biya. Ils sont une quarantaine de candidats, mais personne n’a la moindre chance de gagner contre Paul Biya. Mais le jeu en vaut la chandelle.

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Ou, plutôt, le bizness.Gustave Essaka, l’historique premier triumvir, connaissait la musique. Il se portait candidat à chaque fois. Mais dès le départ de la course, en pleine campagne électorale, notre Essaka crevait l’écran en direct sur notre Crtv. Il appelait tout le monde à voter pour le candidat Paul Biya qui, selon le triumvir, avait le meilleur programme politique pour la Cameroun.

Il ne s’était donc présenté que pour empocher les cinq millions du chèque servi à tous les candidats. Il versait un million et demi, il en recevait cinq à l’arrivée.

Pour l’élection de 2011, le candidat verse cinq millions, il en reçoit soixante. C’est un gros bizness. Tout le monde a couru pour être candidat. Ils sont donc une quarantaine à être candidats, les meilleurs auront 0,01 %, mais ils auront gagné 60 millions. Ils seront tellement rassasiés qu’ils n’auront même plus la force de contester le verdict des urnes même si le scrutin était truqué.

Il s’en trouve cependant qui ne veulent pas manger de cette sauce. Malgré les appels de sa base, le président inamovible de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), Bello Bouba Maigari n’entend pas se présenter à l’élection présidentielle. Après une première aventure en 1992 alors que son parti était le parti d’opposition le plus représenté à l’Assemblée nationale avec 68 députés, l’ancien Premier ministre de Paul Biya s’était senti pousser des ailes. Approché pour un accord de gouvernement avec e Rdpc, il s’était montré un peu trop exigeant au goût du parti dominant. On va donc lui préférer deux de ses lieutenants, Issa Tchiroma et Hamadou Moustapha, qui vont se retrouver au gouvernement. Dans la foulée, les deux créent une formation dissidente, l’Andp. Mais entre-temps, le paysage politique connaît des glissements de terrain de forte amplitude. D’une législature à l’autre, de 1992 à 1997, l’Undp de Bello Bouba est passée de 68 députés à seulement 16.

En réalité, l’Undp jouissait d’un poids politique artificiel. Le parti avait bénéficié du report des voix du Sdf qui avait boycotté les législatives en 1992. Le poids politique de sa formation va s’effriter d’année en année et l’Undp finit par ne plus être représentée à l’Assemblée nationale. Bello Bouba comprendra avant tout le monde et n’a plus le choix. Il va se jeter dans les bras du Rdpc qui consent à lui faire une place de ministre d’Etat au gouvernement. Pas parce qu’il continue à représenter un danger, mais parce que le pouvoir de Yaoundé a besoin de donner des gages d’ouverture démocratique au monde entier.

Fortunes diverses



Les militants de son parti ne savent pas tous que pendant cette traversée du désert, Bello Bouba s’est littéralement ruiné. Il a par exemple vendu toutes ses villas à Yaoundé et avait commencé par brouter les pissenlits par la racine. C’est un homme aussi dramatiquement amoindri qui s’est accroché à la perche qu’on lui a tendue et qui n’est pas prêt à la lâcher pour recommencer une aventure incertaine avec une autre candidature à la présidentielle. Bello Bouba n’avait que l’argument d’être le « dépositaire confessionnel » de l’ahidjoïsme, qui pouvait compter sur ses fiefs du Grand-Nord. Il ne représente plus rien aujourd’hui, ni même dans son fief de Garoua où il n’a aucune chance de gagner contre les familles Hayatou ou contre la force de frappe de Marafa.

Kah Wallah, une transfuge du Sdf qui n’a pas encore donné la preuve réelle de son influence électorale et qui pourrait remettre en question la hiérarchie établie. On pense bien qu’elle lotgne aussi du côté de ces millions garantis. Son parti, le Cameroon’s People Party (parti du peuple Camerounais), est à peine vieux d’un an et n’aura pas eu le temps de prendre ses marques avant la grande échéance. Il y aura aussi, la candidature improbable d’Esther Dang Belibi, candidate indépendante, qui devra batailler ferme pour rassembler les 300 signatures d’élus du peuples qui devront la dispenser d’être soutenue par un parti politique. Combien sont les « élus du peuple » ? Il faut les chercher parmi la troupe des conseillers municipaux ou de députés à l’assemblée nationale. Or, l’essentiel des députés à l’Assemblée nationale et des conseillers municipaux se recrutent sur les listes du Rdpc.

A l’exception de quelques casse-cou qui auront le courage de passer outre les consignes de vote et la discipline du parti, il faudra ramer ferme pour rassembler les 300 signatures. Au Rdpc, on ne fait pas la bise aux amis qui désertent la barque en pleine tourmente. Et au Cameroun, il est de loin beaucoup plus facile de créer un parti politique que d’avoir à réunir trois cents signatures d’élus du peuple. Des litiges sont vite nés, sur le lieu de la légalisation des signatures ou sur les malins qui vous signent le formulaire et qui se dédient le lendemain. La voie de la candidature unique n’a jamais été la voie qui mène sûrement à Etoudi. Esther Dang aurait été mieux inspirée de se prendre une carte de triumvir à la DIC de Gustave Essaka, elle aurait eu de meilleures chances de faire passer sa candidature.

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