Cameroun - Football. Jean-Lambert Nang : J. Owona s’est pris les pieds dans son propre filet d’incohérences.

Mboafootball Lundi le 03 Aout 2015 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’ancien Directeur général de la Fécafoot donne son avis sur le processus électoral en cours.

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Quelle est votre réaction, à la suite de la énième menace de la Fifa contre le Cameroun, au sujet du processus électoral ?
La Fifa est prise dans son propre engrenage. Elle n’arrive pas à se convaincre de ce que l’équipe qu’elle a mise en place pour « normaliser » la Fécafoot s’est cassée les dents et qu’elle ne peut plus conduire les réformes envisagées. Premièrement parce que cette équipe est tombée dans l’aveuglement, convaincue qu’elle était le messie du football camerounais et qu’en face elle n’avait que des zozos ; deuxièmement elle a été rattrapée par ce qui est la cause de tous les problèmes de la Fécafoot : l’argent facile à croquer qui constitue une aubaine pour quiconque le gère ; et enfin, l’équipe de la normalisation n’est plus crédible. Celui qui fut le plus grand pourfendeur de la Fifa n’est, finalement, que son plus docile caniche. Son discours manque de cohérence et sa connaissance du droit du sport est boiteuse.

Pensez-vous que la Fifa protège la Fécafoot ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
La Fifa ne protège pas le Cameroun. Elle est tout simplement la victime de ses contradictions et de celles, nombreuses, des personnes sur qui elle a fondé tant d’espoirs. Partie pour régler une situation pendant six mois, voilà l’équipe du Pr Owona en poste depuis plus de 24 mois. C’est un échec. Avant de recourir à une quelconque suspension du Cameroun, la Fifa devrait d’abord tirer les conclusions de l’échec de son comité de normalisation. Cette fois, au moins, ce n’est pas le gouvernement qui s’ingère dans les affaires du football ni ne fait d’obstruction. Une suspension du Cameroun serait abusive tant que le solde du comité de normalisation ne sera pas fait. Et, à bien des égards, il est négatif.

Le Tas peut-il influer dans les directives de la Fifa, notamment la dernière de Valcke ?
Le Tas a dit la loi une première fois déjà. Il ne se dédiera jamais. Et à ce qu’il me semble, nous sommes dans le même imbroglio. Aucune situation n’est nouvelle. La Fifa, à travers son secrétaire général ne fait que du dol.

Etes-vous d’accord avec ceux qui pensent que l’Etat s’ingère dans les affaires de la Fécafoot ?
Cette fois, le gouvernement a adopté une attitude passive. Quand il a vu que le comité était face à un mur de contestations au sujet de l’adoption des textes, c’est lui qui a offert une porte de sortie au comité en allant plaider sa cause à Zurich. Ce qui est incompréhensible, c’est l’esprit de tricherie et d’insoumission qui habite certains membres de ce comité et qui a entraîné la démission de M. Ngassa Happi, certainement excédé par les méthodes autocratiques de son président. Le gouvernement observe et je pense que M. Owona est arrivé au bout de son jeu. Il s’est lui même pris les pieds dans son filet d’incohérences.

D’après vous, quelle est la part des pouvoirs publics dans la résolution de la crise?
Les pouvoirs publics ont les mains liées. Un toussotement et le comité les accuserait de la fameuse « ingérence ». Je pense que la dernière descente à Zurich a témoigné de la volonté du gouvernement d’une sortie en douceur de cette crise qui perdure et qui plombe indéniablement notre football, déjà bien malade. C’est au comité lui-même de se sortir d’une impasse qu’il a lui-même créée.

Pourquoi d’après-vous, le Comité de normalisation met autant de temps pour achever sa mission ?
Les raisons sont surtout d’ordre suggestif. Le comité est très bien loti au plan de ses indemnités. Il gère trois grosses mannes issues des Coupes du Monde messieurs de 2010 et 2014 et dames de 2015. Ce ne sont pas des hommes à cracher sur les gros avantages qu’ils se sont octroyés dès le départ. Un seul élément a fait jouer son honneur et a claqué la porte. Le comité a oublié sa vocation d’instance provisoire et tend à s’inscrire dans la durée la plus longue possible. Cela a pour conséquence déblocage des avantages financiers sur lesquels ils ne crachent pas. Ainsi va la gestion du football au Cameroun.

Que doit faire le Comité de normalisation pour sortir de cette impasse ?
Le comité de normalisation doit apprendre à écouter ceux qui ne font pas partie de son collège de professeurs agrégés. Nulle part au monde un professeur agrégé ne dirige de fédération de football. La Fifa ne nous a pas beaucoup aidés en mettant en place un comité essentiellement composé d’intellectuels de haut vol, ceux-là mêmes qui, au Cameroun, posent un regard des plus condescendants sur le footballeur. Chez nous, le football naît dans la rue et prospère dans les ghettos. Il n’y a qu’à voir la sociologie des pratiquants de ce sport à Yaoundé, Douala et ailleurs. On n’a pas besoin de gros diplômes pour gérer la complexité du football. Il faut en être imprégné des réalités profondes depuis ses bases. Au Cameroun, n’importe lequel des passionnés du football peut vous poser une colle sur les textes et les lois. C’est dans cette situation que se retrouve le comité face à plus petit que lui, en l’occurrence Abdouramane. Les membres du comité doivent se dépouiller de leurs toges et écouter ceux qui ont la pratique des choses du football comme pain quotidien. Cela nous aurait évité cette impasse qui fait même douter de leurs compétences juridiques.
 
« Il n’est pas jusqu’au gouvernement, que vous évoquiez tout à l’heure, qui ne se sente déçu et affligé par l’ex procureur anti-Fifa, du temps où il était ministre des Sports. Sûrement que les dirigeants de la Fifa se mordent eux-aussi les doigts face à l’incapacité de l’inventeur de la « cacafoot » à conduire le processus de normalisation de notre football « 
Selon vous, qu’est-ce qui fait problème dans ces textes ?
On ne peut pas élaborer des textes à la mesure d’un candidat lambda. Notre football a besoin d’une réglementation qui lui garantisse une gestion moderne et transparente, quelle que soit la personne portée à la présidence de la Fécafoot. Pour que les textes soient adoptés, il faut qu’ils soient approuvés par toutes les composantes du football. Qu’au moins la majorité se dégage au plan de la conformité de ces textes avec leur objet. Je crois qu’à ce niveau, le problème ne se pose pas. C’est au niveau du mode de leur adoption et du profil des candidats qu’il va falloir relire les copies et mettre la balle au centre pour tout le monde.

Le conflit cible des préoccupations juridiques et financières. La solution est-elle donc à deux niveaux : justice et organes juridictionnelles sportives ?
La Fifa est désormais hors-jeu en ce qui concerne la probité des dirigeants du football. Personnellement, je me suis fait ma religion là-dessus depuis fort longtemps. Le football est corrompu et la Fifa en est le plus grand laboratoire. J’ai été poussé hors de la Fécafoot parce que je voulais fermer les robinets de cette pandémie. Trouver, à l’intérieur de la grande famille footballistique camerounaise quelqu’un qui revendique une certaine probité va être très difficile. Le football, chez nous, vit de prébendes, de compromissions et de petits arrangements. Le scandale en cours à la Fifa témoigne à suffisance de la gangrène au niveau mondial.

La Fifa envisage l’introduction de la probité dans le choix des membres du comite exécutif ; ce critère peut-il faire école au Cameroun et dératiser l’association ?
La Fifa est désormais hors-jeu en ce qui concerne la probité des dirigeants du football. Personnellement, je me suis fait ma religion là-dessus depuis fort longtemps. Le football est corrompu et la Fifa en est le plus grand laboratoire. J’ai été poussé hors de la Fécafoot parce que je voulais fermer les robinets de cette pandémie. Trouver, à l’intérieur de la grande famille footballistique camerounaise quelqu’un qui revendique une certaine probité va être très difficile. Le football, chez nous, vit de prébendes, de compromissions et de petits arrangements. Le scandale en cours à la Fifa témoigne à suffisance de la gangrène au niveau mondial.

Etes-vous déçu par Joseph Owona ?
C’est peu dire ! Et je ne suis pas seul à le penser ! Posez la question au sein même du comité qu’il dirige. Il n’est pas jusqu’au gouvernement, que vous évoquiez tout à l’heure, qui ne se sente déçu et affligé par l’ex procureur anti-Fifa, du temps où il était ministre des Sports. Sûrement que les dirigeants de la Fifa se mordent eux-aussi les doigts face à l’incapacité de l’inventeur de la « cacafoot » à conduire le processus de normalisation de notre football !

Est-ce que vous êtes de ceux qui pensent que Joseph Owona doit dresser son rapport financier ?
Ce rapport ne sera que de la poudre aux yeux. Un exercice de prestidigitation. Je ne crois pas aux rapports financiers de la Fécafoot. Sous des apparences de transparences se glissent des zones d’ombre savamment occultées. Ne nous laissons pas prendre dans ce piège à cons que serait un pompeux rapport financier sur la période de la normalisation…

© Le Jour : Propos recueillis par Ateba Biwolé
NB: le titre et l’intertitre sont de mboafootball.com

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