Cameroun - Economie. Ernest Simo «Le développement économique est plus conditionné par la maitrise des technologies de l’information »

Le Messager Mardi le 13 Janvier 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Présent au Cameroun depuis quelques jours, Ernest Simo est l’objet de toutes les attractions.

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 Il s’est fortement déployé en fin de semaine dernière pour encourager, des étudiants de la faculté du génie industriel de l’université de Douala en fin de formation. Ouvert, il s’est confié au journal Le Messager. Sur les questions liées aux télécommunications, il trouve que le fossé numérique entre le Nord et le Sud n’est pas une fatalité. Au contraire, il pense que les Etats africains disposent d’un potentiel soutenable pour passer de l’analogie au numérique. Une révolution qui devrait être portées et soutenue par une jeunesse créative et pleine d’imagination. En fait, Ernest Simo demande aux jeunes ingénieurs de développer leur créativité. Pour lui, il revient à cette tranche d’âge d’innover pour désenclaver mentalement et numériquement notre société…. C’est la voix du développement soutenu et multisectoriel de l’Afrique. Né au Cameroun en 1956, Ernest Simo se distingue par ses diplômes obtenus en Grande-Bretagne (licence en génie électrique, maîtrise à l'université d'Essex, doctorat en génie électrique à l'université de Birmingham). Son engagement et son déploiement dans le corps des astronautes de la prestigieuse Nasa aux Etats-Unis d’Amérique et ses travaux pour la mise sur pied de la carte Sim présent dans les téléphones portables de la majorité des Camerounais, font de lui un savant de renommée mondiale. Alors qu’il a fréquenté l ‘Ecole Principale d’Ekoudou au quartier Briqueterie-Yaoundé. Puis le Lycée Leclerc de Yaoundé où il a passé un Baccalauréat série Mathématiques en 1974. En 1975, il a été admis a l’Ecole Polytechnique de Portsmouth en Angleterre où j’ai obtenu une Licence en Génie Electrique en 1978. En 1979, Ernest Simo obtient une Maîtrise à l’Université d’Essex en Angleterre avec, comme spécialité, les Télécommunications par Satellite.En 1983, après un Doctorat en Génie Electrique de l’Université de Birmingham en Angleterre, Ernest Simo s’en va aux Etats-Unis où, depuis plus de 20 ans, il y engage des contributions assez importantes dans les domaines des VSAT (Very Small Aperture Terminals) appliqués aux systèmes satellite, CDMA (Code Division Multiple Access) applique aux systèmes cellulaires et les Sciences de l’Information et des Télécommunications. Mais il est soucieux de rester en connexion avec les Camerounais à qui il souhaite une bonne année 2015. Lisez plutôt !

Quelle lecture faites-vous des efforts fournis par le Cameroun pour s’arrimer aux technologies de l’information et de la communication, notamment aux 3G et aux 4G dans le domaine des télécommunications ?

Il est important de commencer en déroulant l’historique. Depuis les années 1990, la civilisation de l’information est gouvernée par trois technologies. Il y a initialement la fibre optique. C’est la technologie du fixe. Cette fibre a le diamètre d’un cheveu. Elle peut transporter et émettre des signaux sur un millier d’engins de télécommunication. La deuxième technologie, c’est la technologie du mobile. A ce niveau, il est à dénombrer plusieurs générations. Ce qui fait parler de 2G, 3G et 4G. En troisième lieu, il y a la technologie du sable. Ici des microprocesseurs sont utilisés pour des calculs rapides. Ce sont de véritables robots qui arrivent à faire en 2014, les opérations que ne pouvaient les IBM (Ndlr : International Businesse Machine) il y a 30 voire 40 ans.

Plus simplement, il faut comprendre la fibre optique comme un réseau qui interconnecte les autoroutes de l’information. Il faut pouvoir raccorder cette autoroute dans les quartiers, les salons, les salles de classe et autres espaces résidentiels. La fibre optique peut connecter les grands centres informatiques. Il faut utiliser les technologies du mobile pour établir des réseaux de proximité. Lorsque tous les maillons de la chaîne sont bons, on ne saurait avoir des problèmes liés à la faiblesse du débit des connexions. Du point source au point de manifestation de l’internet, les données doivent être constantes. Les conducteurs doivent avoir les mêmes capacités. S’il y a défaillance à un point précis, cela affectera le débit de la connexion au point d’utilisation.

Malgré l’annonce faite par le gouvernement camerounais en vue de l’amélioration de la fluidité du débit internet à travers la fibre optique, l’on observe d’importants dysfonctionnements du réseau internet au Cameroun. Comment expliquez-vous cela ?

Il est important de savoir que lorsque les pouvoirs publics se sont évertués à favoriser l’extension de la fibre optique et sa connectivité, il revient aux operateurs usant les technologies mobiles de compléter l’offre de télécommunication. Il est donc important de favoriser les entreprises privées opérant dans le secteur des télécommunications. Une compétitivité des offres sur le marché local favoriserait la mise sur le marché local des services internet arrimés aux technologies pointures et adaptés aux besoins des populations du pays.

Concrètement, le Cameroun dispose-t-il d’un potentiel en termes d’infrastructure des télécommunications pour s’arrimer aux technologies 3G et 4G ?

Le Cameroun peut bien s’arrimer à ces technologies. Il faut comprendre que les enjeux liés au développement du pays le Cameroun imposent cette option. La technologie 2G vulgarisée avec l’arrivée des operateurs de téléphonie mobiles chez nous, porte sur la capacité des supports à émettre des voix. Ce sont des signaux analogiques. On a besoin du 3G pour passer des signaux analogiques aux signaux numériques ou digitaux. A travers la technologie du 3G, on est capable de transmettre, en plus des voix de données plus importantes telles les images. Ce sont les engins de productions et de transmission de tout ce qu’on faisait dans le monde physique. Il est important de s’arrimer auxdites technologies. Car grâce elle, on peut rester dans un musée ou galerie d’art de la place de la place et vendre ses objets à travers le monde entier. On sort des limites de l’espace physiques pour s’affirmer dans le monde virtuelle. Le développement économique est plus conditionné par la maitrise des technologies de l’information et de la communication à travers le e-commerce, e-learning, le e-governement et autres. L’arrimage aux technologies de pointe constitue la condition cardinale pour un développement soutenu et équilibré.

Est-ce à dire qu’il n’existe le fossé numérique entre le Nord et le Sud ?

Comme nous l’avons dit, les efforts déployés par les pouvoirs publics sont déjà acceptables. Il revient aux entreprises du secteur privé, dans une logique concurrentielle, d’améliorer les offres de service. Le gouvernement doit se consacrer aux gros ouvrages en matière de télécommunication et favoriser une saine émulation entre les entreprises du secteur privé. Il revient à celles-ci de produire des services de hautes qualités en matière de technologie de l’information et de la communication.

Dans l’optique de vulgariser les technologies de l’information et de la communication en zone rurale, le gouvernement a opté pour la création dans certaines localités reculées des télé-centres communautaires. Mais à cause du manque et de la défaillance de l’énergie électrique, les espaces aménagées ça et là n’offrent les services escomptés…

Il faut comprendre qu’une option pour faciliter le développement de l’Afrique s’offre aujourd’hui à travers l’énergie solaire. On n’a plus besoin de gros et de lourds équipements pour faire fonctionner des installations dans les contrées éloignées de la ville. Il suffit d’installer des plaques photovoltaïques pour faire fonctionner de manière autonome les télé-centres communautaires. L’exploitation des énergies renouvelables constituent un meilleur accélérateur pour la mise en œuvre des technologies de l’information et de la communication. Il faut un cordon ombilical pour raccorder ces télé-centres communautaire à l’autoroute traduite par le circuit de la fibre optique au Cameroun.

Quels sont vos rapports avec les ingénieurs Camerounais. Existe-t-il une plate forme d’échange-du moins en matière de transfert de technologies entre vous et vos collègues du pays ?

Les ingénieurs Camerounais sont brillants. Nous sommes en collaboration. D’ailleurs, je suis venu pour encourager la 1ere promotion des étudiants diplômés en génie industriel à l’université de Douala. Il faut juste une planification et une politique soutenues pour atteinte des résultats palpables en termes de développement des connaissances et des applications visant à la transformation de notre environnement économique. Je travaille avec des ingénieurs Camerounais quand je suis disposé. J’ai déjà animé des conférences dans les Universités Camerounaises.

Des jeunes vous regardent…Et se demandent comment procéder pour atteindre le sommet dans l’univers des sciences et des technologies…

A l’endroit des jeunes Camerounais, trois messages importants s’imposent. Premièrement, ils doivent rêver. Ils doivent utiliser leur imagination. La logique peut vous amener de partir d’un point 1 pour un point 2. Mais, comme le faisait observer Einstein, l’imagination, vous amène partout. Le désir de l’étudiant ne doit pas être absolument d’amasser les connaissances, mais de développer les techniques de création et de résolution des problèmes. Là, ils seront utiles à l’ensemble de la société. En fait, il faut avoir une vision. Après la vision, il faut passer à l’action. Le succès se retrouve au bout du travail. Des imaginations sans actions n’aboutissent pas. Penser, imaginer et agir produisent des conséquences directes et indéniables pour le développement. Les structures privées et publiques doivent donner aux jeunes un environnement favorable à l’expression de leur créativité.

En vue de préparer la relève, ne pensez-vous pas qu’il serait plus important de venir dispenser des enseignements dans les universités et dans les écoles d’ingénieurs Camerounais pendant vos congés ?

Ce n’est pas la volonté qui fait défaut. Nous voulons transmettre la flamme à la jeunesse. Elle est laborieuse. Dans les années, 1979 et 80, alors que j’avais seulement 23 ans, j’ai dispensé des cours dans le domaine de la transmission à l’école des postes et télécommunication de Yaoundé. Je suis ouvert et je reste disponible pour l’encadrement et l’encouragement des chercheurs camerounais. Je profite de cette occasion pour les inviter à faire montre de beaucoup d’innovation sur les chantiers de recherche où ils s’activent. Je les invite, comme la majorité des Camerounais, à recevoir mes meilleurs de santé et de prospérité pour l’année qui s’annonce.

Propos recueillis par Guy Modeste DZUDIE

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