Cameroun - Sécurité. Boko Haram: René Sadi et Mbarga Nguelé invisibles sur le terrain

RAOUL GUIVANDA | L’Oeil du Sahel Mercredi le 30 Avril 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Depuis la montée en puissance de la secte, ils ne sont jamais descendus sur les lieux. Ces derniers mois, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée dans la région de l’Extrême-Nord du fait des activités des éléments de la secte Boko Haram.

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Plus un seul jour ne passe sans qu’un citoyen camerounais ne tombe sous les balles des membres de la secte islamiste. De nombreux villages dans les départements du Logone et Chari et du Mayo-Sava se vident de leurs populations et le phénomène est en passe de toucher d’autres unités administratives de la région.

Des fonctionnaires en service dans les régions frontalières évacuent quotidiennement leurs familles vers des cieux plus cléments. Donc, du fait de cet environnement sécuritaire nouveau, l’on enregistre des mouvements des populations ici et là. D’abord du Nigeria vers le Cameroun, et ensuite des régions camerounaises frontalières du Nigeria vers l’intérieur du pays.

Si les réfugiés camerounais qui s’entassent désormais dans les villes à l’instar de Kousseri, Maroua et Mora ne sont pas pris en considération par le gouvernement parce qu’ils trouvent assistance naturellement auprès des leurs, il n’en demeure pas moins que la cadence est impressionnante et inquiétante. Dans cette situation trouble, les observateurs s’étonnent de l’absence d’initiative et de compassion du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, René Sadi. Pas une seule fois, le ministre ne s’est rendu sur zone. Lui qui a pourtant en charge la protection des populations civiles.

«Les populations souffrent dans leur chair et elles veulent sentir la présence de leurs gouvernants. Voilà pourquoi le ministre doit venir les réconforter, toucher du doigt nos difficultés en visitant des unités administratives en première ligne et remobiliser ses collaborateurs.

Il ne doit pas appréhender le problème sous le seul prisme de la sécurité, en laissant sous entendre qu’il s’agit d’une affaire exclusivement réservée aux forces de défense et de sécurité», relève un sous-préfet de la région. Lui et quelques-uns de ses collègues se sentent totalement abandonnés, sans aucune directive alors que les militaires deviennent peu à peu maîtres de la région. «Le ministre délégué à la Défense est venu dans la région, quelques heures après la prise des otages. Des instructions nous ont été données mais nous aurions aimé qu’elles le soient par notre propre ministre. C’est quand même à nous que revient le commandement territorial », s’insurge un autre chef de terre.

Pis, lors de sa descente le 06 avril 2014 à Maroua, Alain Edgar Mebé Ngo’o a multiplié des rencontres formelles et informelles avec les autorités traditionnelles, maillon important dans la chaîne de la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Or, les chefs traditionnels, regrettent les chefs de terre, sont des auxiliaires de l’administration. Et que par conséquent, il revenait au ministre René Sadi, en sa qualité de patron de l’Administration territoriale, de réunir les chefs traditionnels de la région pour les exhorter à collaborer avec les pouvoirs publics et mettre en garde, pourquoi pas, les brebis galeuses. «Le ministre doit marquer notre territoire.

Est-ce qu’il est normal que des chefs traditionnels, auxiliaires de l’administration, jouent un rôle de premier plan dans la libération des otages à notre insu, nous, représentants de l’Etat ? L’inverse peut être aussi vrai en cela qu’ils peuvent être de mèche avec Boko Haram sans que nous ne pipions mot. D’où l’urgence de reprendre la main. Pour cela, le ministre doit s’impliquer, il doit venir sur le terrain nonobstant ses charges de président de la commission interministérielle créée en mars 2014 par le chef de l’Etat pour gérer les situations d’urgence», avance prudemment un préfet.

Les chefs de terre attendent d’autant plus impatiemment la visite de leur ministre qu’ils jugent leur gouverneur de région totalement dépassé par la situation. «Augustine Awa Fonka n’arrive pas à établir le lien entre l’autorité administrative et l’autorité militaire. Il vient de demander au secrétaire général de la présidence de la République un appui sans que l’on ne sache de quoi il s’agit, ce qu’il veut en faire, et si c’est en coordination avec d’autres services. On ne peut pas traiter le cancer Boko Haram séparément.

C’est une seule stratégie, une seule direction qui doit prévaloir. Il n’ y a pas de place pour le one man show qu’affectionne le gouverneur», regrette un de ses collaborateurs. Aux côtés du ministre en charge de l’Administration territoriale, l’autre gros bonnet attendu sur le terrain est le patron de la police. Certes, ses éléments sont engagés sur le terrain avec des résultats tangibles. Prises d’armes et de munitions, bouclages des quartiers, rafles et autres filatures rythment désormais le quotidien des policiers de la région. Mais, à en croire des responsables locaux, ils ne se sentent pas soutenus par leur grand chef. «Quand on rend visite à un malade, c’est toujours réconfortant pour lui.

Il y a ce plus psychologique qui lui donne du tonus et c’est cette énergie communicative dont nous avons aujourd’hui besoin. Le Dgsn ne bouge pas. Il ne doit pas seulement venir à notre rencontre lors de l’installation du délégué régional ou lorsque des policiers vont payer de leur vie l’accomplissement de leur devoir, il doit aussi venir quand ses éléments sont durement engagés dans une mission aussi périlleuse que la traque des membres de Boko Haram. C’est la marque d’un chef que d’être aux côtés de ses éléments qui prennent de gros risques dans une situation aussi exceptionnelle», assène un commissaire de police en poste dans la région.

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