Lutte contre Boko Haram. Lutte contre Boko Haram : Alain Fogue, “Un droit de poursuite de fait”

Le Jour Mardi le 03 Février 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Géostratège, il analyse les enjeux de l’entrée en guerre de l’armée tchadienne en territoire nigérian et les attentes de la réunion de Yaoundé du 5 au 7 février 2015.

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Quels sont, à votre avis, les contours de l’entrée de l’armée tchadienne au Nigéria ?
Ce qu’on peut rappeler, c’est que l’armée tchadienne est entrée dans cette guerre à l’appel du Cameroun et on imagine que tous les contours de l’entrée en guerre de l’armée tchadienne ont été pensés par les autorités camerounaises. Maintenant, qu’est-ce que cette entrée peut apporter ? On peut imaginer que le côté guerrier de l’armée tchadienne peut contribuer à semer encore plus de doute dans les rangs des éléments de Boko Haram. Il faut aussi rappeler que l’armée camerounaise tenait bien la partie, de mon point de vue.

L’apport de l’armée tchadienne ne signifie en rien qu’au plan du contrôle du terrain, le Cameroun était dépassé par les événements. Jusqu’à présent, l’armée camerounaise a su maintenir hors des frontières, les éléments de Boko Haram. Le véritable problème de l’armée camerounaise était celui de poursuite des éléments de Boko Haram en territoire nigérian. C’est clair que l’armée camerounaise a la capacité de sécuriser le territoire national. Aucun bout du territoire camerounais n’est entre les mains de Boko Haram jusqu’aujourd’hui. Ces terroristes font des incursions et repartent.

L’armée camerounaise est bloquée par l’impossibilité de franchir les frontières afin d’aller chercher les assaillants sur le territoire nigérian. Ce serait profondément injuste de penser que l’armée tchadienne vient délivrer l’armée camerounaise d’une situation qui était perdue. Les soldats camerounais l’ont brillamment démontré ! Bien évidemment, il appartient à ceux qui sont en charge de cette armée camerounaise de prêter toujours une oreille attentive aux doléances logistiques des éléments qui sont sur le terrain.

Comment comprendre le droit de « poursuite » accordé à l’armée tchadienne par Abuja ?
Aux dernières informations, on ne pourrait pas vraiment dire qu’il s’agit d’un droit de poursuite accordé à l’armée tchadienne. Tout laisse croire qu’il s’agit d’un droit de poursuite de fait. Le gouvernement nigérian à la suite du dernier sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine à Addis Abeba a, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, mis un peu d’eau dans son vin par rapport à cette question. L’armée tchadienne a profité de cette situation, de cette bonne disposition qui n’est pas encore formalisée pour aller chasser les éléments de Boko Haram en territoire nigérian. On peut espérer que dans les jours qui suivent les différents gouvernements auront un point d’entente afin qu’au-delà de l’orgueil national des uns et des autres,  que l’ennemi commun qui est Boko Haram soit pourchassé partout où il se trouve.

Cela peut tout de même poser des problèmes sans le mandat de l’Onu ?
Si les Etats sont d’accord, si la volonté politique y est, le mandat de l’Onu peut venir juste régulariser parce que si les Etats concernés sont d’accord, aucun d’eux n’ira se plaindre auprès du conseil des Nations Unies. La première chose à faire consiste à obtenir la volonté politique des Etats concernés et ensuite de façon automatique, le conseil de sécurité prendra une résolution pour régulariser la situation.

Que faudrait-il attendre de la réunion du 5 au 7 février 2015 annoncée par l’Union africaine à Yaoundé ?
Ce qu’il faudrait espérer, c’est que l’Union africaine sorte de sa logique traditionnelle qui est celle du discours et de l’émotion pour passer à quelque chose de plus concret et là-dessus, notre conviction est que les Etats concernés doivent d’abord comprendre que Boko Haram, c’est leur affaire. Il ne faudrait pas laisser cette situation être confisquée par les palabres d’Addis-Abeba. Bien évidemment, le fait que l’Ua s’est impliquée dans cette guerre va permettre d’alléger les souffrances financières des Etats embarqués. Sur le plan opérationnel, il reste constant que c’est d’abord les Etats concernés qui doivent se mobiliser et mobiliser tous les moyens pour combattre cette secte.
 

Propos recueillis par Jean-Philippe Nguemeta

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