Cameroun - Musique. Scène: La rumeur tue l’artiste Jeannot Ekwalla

Edking | Le Messager Vendredi le 05 Octobre 2012 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
On le disait décédé. Mais Jeannot Ekwalla est bien vivant et décidé à tirer de son piano, les mélodies qui, à l’approche du soleil de décembre, savent envoûter les cabarets de Douala.

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Décidemment il a la vie dure, Jeannot Ekwalla. Le 1er octobre 2012 dernier sous le titre « L’artiste camerounais Jeannot Ekwalla est décédé ». Le site culture ébène qui a la prétention de faire partager toute ‘la culture black et afro’ annonce : « Le Grand Auteur-Compositeur qui a contribué au succès de nombreux artistes camerounais, Maestro de la musique camerounaise, ce Monsieur que tous les artistes consultaient pour leurs chansons, pour ses conseils et surtout sa disponibilité et sa gentillesse, est allé rejoindre la terre de ses ancêtres! L’information a été communiquée par l’artiste Sissy Dipoko sur son mur facebook ; Jeannot Ekwalla est décédé ».

Dans son édition du mercredi dernier 3 octobre 2012 notre confrère l’Actu a également annoncé en page intérieure, sans en préciser la source, la mort du musicien Jeannot Ekwalla. Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendus au domicile du musicien sis derrière l’hôpital départemental de Deido à Douala. Si le pianiste a perdu récemment sa petite sœur et son frère médecin au nord Cameroun, il est par contre lui, vivant et bien vivant.

Jeannot Ekwalla ? Difficile de le situer sur une carte musicale du pays. Son domicile d’artiste globe-trotter est pourtant le point de chute d’une constellation d’artistes dont il a écrit plusieurs chansons à succès. De Nadia Ewandè à Nguea la Route en passant par…Sissy Dipoko, Henri Njoh, Nicole Mara, Bebey Manga, Marthe Zambo, Claudia Dikosso, Germaine Labelle, Ange Bagna, Marole Tchamba, Sergio Polo…autant de chanteurs et chanteuses qui viennent s’abreuver à cette source intarissable. Jeannot a couché du texte sur les microsillons. Auteur compositeur, les claviers constituent son violon d’Ingres. Parolier, il travaille derrière les rideaux pour mieux valoriser son art au service des vedettes de la chanson.

A sa naissance, le berceau d’Ekwalla Ekwalla Eyobe Jean Daniel était un piano. Il est donc tombé enfant dans la musique. Tandis que ses petits camarades de la grande cour familiale de Deido jouaient aux billes, ses petits doigts couraient sur le clavier paternel. Son père, ancien sous-préfet, féru de musique, était maître de la chorale d’homme de Douala. Il possédait à la maison un harmonium sur lequel le petit Jeannot Ekwalla pointait de ses doigts fragiles les premières notes de l’abécédaire musical.


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A Bafoussam où la famille a résidé ensuite, on le retrouve dans les cabarets aux cotés de Aladji Touré, Ebeny Donald Wesley etc. Son initiation s’est poursuivie à Kumba avec Johnny Tezano, puis à Lagos où il rencontre Fela Anikulapo Kuti et joue avec Tom Yom’s et Lapiro de Mbanga. Dans les années 80, Jeannot rentre à Douala où son père, heureux de retrouver l’enfant prodigue, égaré aux quatre vents de la musique, en profite pour le placer comme aide-comptable à Asecna. Mais les dieux de la musique veillaient. A la suite d’une compression du personnel, Jeannot Ekwala se retrouve une fois de plus dans les cabarets. Grand maître des claviers et synthétiseurs, il est demandé par tous les orchestres. Plus tard, le voici à Garoua, préparant son premier opuscule. « Dibié na sontane » sort en 1995. Succès garanti. Mais Jeannot préfère l’ombre à la lumière éphémère de vedette de la chanson. L’instrumentiste de génie s’achète un cabaret à Deido (la dominante) et invite tous les soirs les nombreuses vedettes de la chanson : Toto Guillaume, Guy Lobè, Henri Njoh et bien d’autres s’y font admirer.

Méfiez-vous de la femme ! Jeannot devenu patron de cabaret trouve également chaussure à son pied. A 50 ans, le globe-trotter s’est laissé mettre la bague au doigt il y a six ou sept ans en prenant femme à 50 ans. La corde au cou désormais, « cela m’a rendu plus stable. Je me suis marié sur le tard parce que la musique à des exigences incompatibles avec la vie de foyer. Maintenant je suis plus serein. Je compose les paroles et la musique des autres et je gère ma petite affaire en dégustant du couscous à la sauce d’arachide, mon plat préféré» Ce qui ne lui a pourtant pas apporté la fortune. Maestro comme on l’appelle dans le milieu a souvent été plus berné qu’à son tour.

«Il n’y a pas de grande ou de petite musique, mais de bons ou mauvais musiciens», dit-il. De Lambo la njangi,chanté par Pierre de Moussi à Pardonne-moi, interprété par Charlotte Dipanda dans l’album de Sergeo Polo, en passant par les Mêmes idées de Marthe Zambo, difficile de trouver un chanteur ou un musicien pour qui Maestro n’a pas composé.

Installé à son piano, chez lui, l’homme à l’allure chétive, mais au regard vif, est toujours très sollicité. Mais ses compositions n’ont pas toujours été rémunéré à sa juste valeur, déplore t-il… 

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