Lutte contre Boko Haram. Récompense aux forces de défense : Les médailles dévoilent leurs revers

Aziz Salatou | Le Jour Vendredi le 24 Avril 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les derniers décrets du chef de l’Etat au lieu d’apaiser les frustrations des acteurs de la lutte contre Boko Haram ravivent les mécontentements.

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Désormais, on parle de « L’affaire des médailles.» Tant l’attribution par le chef de l’Etat à certains personnels militaires des forces de défense révèle des aberrations de la haute administration camerounaise. Il y a d’abord eu ces décrets du 1er avril qui attribuaient des médailles de la vaillance aux seuls soldats du Bir. Le projet de décrets une fois apprêté a emprunté des voies peu orthodoxes pour parvenir à Paul Biya, qui les a signés. Il ne pouvait pas mesurer que son acte voulu pour encourager les troupes engagées au front allait créer des remous.

 

Des voix sont sorties des rangs des autres corps engagés au front. Il a fallu corriger le tir et réparer les manquements. Le projet devait alors être ficelé par les grognards d’hier. Ils ont fait le travail à leur manière. Paul Biya a signé d’autres décrets le 20 avril denier. Six décrets en tout élaborés pour satisfaire tout le monde. Mais, candidats et observateurs s’interrogent. Dans la foulée de la lecture desdits décrets, les policiers en premier se sont plaints. Ils se demandent pourquoi le travail de renseignement et de maintien de l’ordre qu’ils ont fourni d’abord dans le conflit de Bakassi et maintenant dans la lutte contre Boko Haram, n’est jamais récompensé. « Il n’y a pas que les médailles, il y a aussi les anuités que convoitent des gens qui ont aussi entrepris des missions périlleuses au nom de la patrie », explique l’un d’eux.

 

Les médailles, attribuées par le chef de l’Etat sont de deux catégories : la vaillance pour les actes héroïques et la Croix de la valeur militaire du Cameroun pour des actes de « veille de planifications et de la conduite des opérations aux niveaux stratégique et opératif », dit la citation qui l’accompagne. En simple, les médailles de la vaillance sont attribuées à ceux des militaires qui au péril de leur vie ont sauvé le Cameroun d’une situation désespérée. Des lieux de batailles pour une fois ont été désignés, où ces héros se sont distingués. Seulement, l’on a oublié la déterminante victoire du 31 mai 2014 à Dabanga .

 

 

 Ce jour-là, des pick-ups de la secte ont tenté une incursion en territoire camerounais. Ils avaient franchi la frontière et s’apprêtaient à fondre sur le Cameroun et peut-être y perpétrer un forfait de l’importance du kidnapping des ouvriers chinois quelques jours plutôt. A Dabanga, il n’y avait qu’une brigade de gendarmerie avec moins de cinq hommes en poste. L’adjudant chef Michel Daoda et ses hommes armés de fusils d’assaut ont tenu tête à cette horde hostile pendant près de quatre heures de temps, tout en appelant des renforts. Les hommes des capitaines Hassana Ndjidda sur leurs chars Carat sont arrivés 4h plus tard pour faire un carton : 50 Boko Haram neutralisés des pick-up détruits.

Le capitaine a eu sa médaille, mais l’adjudant chef et ses hommes n’ont pas été cités. « Beaucoup ont travaillé comme ça mais, on voit plus des gens qui parfois ont fui des combats ou qui se sont fait tirer dessus qui ont eu la médaille », explique un militaire engagé au front. Des batailles en fait ont été occultées. La Croix de la valeur attribuée à des militaires qui ont aidé à la logistique et à la tactique a été aussi attribuée un peu à la tête du client. Difficile en réalité d’expliquer que si on a récompensé des stratèges, on a oublié le nom du chef d’état major des armées qui est le premier d’entre eux. De même, il est indécent de voir des chefs actifs sur le théâtre de guerre essuyant des tirs ennemis comme les colonels Joseph Nouma et Jacob Kodji, qui ont organisé tactiquement la déroute de la secte à Fotokol 20 jours à peine après leur installation, mêlés à tous ces collaborateurs du Mindef, qui ont accompli des taches certes nécessaires, mais quand même administratives.

 

Le grand lésé dans la catégorie des acteurs de l’ombre de cette guerre est le colonel Didier Badjeck. Le chef de la division de la communication au Mindef reste le visage de la guerre et est clairement jalousé pour cela. Il n’a pas eu de médaille et pourtant c’est lui qui a orchestré la bataille de la perception. Alors que beaucoup à l’unisson d’une certaine presse glosaient l’inexistence voire l'inexpérience de l’armée camerounaise, il a parcouru tous les médias pour redorer ce qui semblait fort terne. Les personnels médicaux de l’armée, a-t-on appris, sont au désarroi. Seul l’un d’eux a été honoré. « Comment des ronds de cuir du Mindef se sont-ils retrouvés en tête de liste alors que ceux qui soignent les blessés, confortent les combattants déprimés, n’ont rien eu ?» interroge un observateur.

 

 

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