Madagascar. Madagascar : Le gouvernement dissous dans la tourmente, l’état d’urgence social déclaré

Après des émeutes meurtrières et une répression dénoncée par l'ONU, le président Rajoelina tente de reprendre la main en annonçant la dissolution de son exécutif et la création d'un organe spécial.
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La crise a forcé la main du pouvoir. Dans un contexte de violences inédites et sous la pression de la rue, le président malgache Andry Rajoelina a annoncé, ce lundi, la dissolution de son gouvernement lors d'une allocution à la nation solennelle et très attendue. Une décision choc pour tenter d'éteindre l'incendie qui consume la Grande Île.
« Suivant l'article 54 de la Constitution, j'ai décidé de mettre fin aux fonctions du premier ministre et du gouvernement. En attendant la nomination du nouveau gouvernement, ceux qui sont en place assureront l’intérim », a déclaré le chef de l'État, face caméra sur la télévision publique TVM. Cette mesure radicale intervient après plusieurs jours de paralysie et de tensions extrêmes.
La colère populaire transformée en drame
L'étincelle a embrasé la prairie le 25 septembre. Las d’errer dans le noir et de manquer d’eau courante, des milliers de Malgaches sont descendus dans les rues d'Antananarivo et d'autres grandes villes pour crier leur colère. Rapidement, les manifestations pacifiques contre les coupures d'électricité et d'eau ont dégénéré en émeutes et en affrontements avec les forces de l'ordre. Les pillages se sont multipliés, semant le chaos.
La répression a été d'une brutalité glaçante. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a tiré la sonnette d'alarme dans un communiqué cinglant. « Je suis choqué par la réaction brutale des forces de sécurité », a-t-il déclaré, faisant état d'un bilan lourd : au moins 22 personnes tuées et plus de 100 blessées. Parmi les victimes, des manifestants et des passants touchés par les tirs des forces de sécurité, mais aussi des personnes tuées lors des troubles et des pillages.
Mesures d'urgence et promesses politiques
Face à l'ampleur de la tragédie et à la pression internationale, le président Rajoelina a donc choisi la rupture. Au-delà de la simple dissolution, il a annoncé la création d’un « organe spécial » chargé de lutter contre les pillages et les violences, un signal fort adressé à la fois à la population et aux fauteurs de trouble.
Dans un geste politique, le chef de l'État a également promis une meilleure représentation des jeunes dans les institutions, une tentative évidente de répondre aux aspirations d'une frange majoritaire et dynamique de la population, en première ligne de la contestation.
Pour l'heure, l'île retient son souffle. La nomination du prochain premier ministre et la composition du nouveau gouvernement seront scrutées à la loupe. Elles détermineront si cette manœuvre institutionnelle suffira à apaiser une colère née du manque et de la précarité, ou si elle ne sera qu'un cautère sur une jambe de bois. Le compte à rebours est lancé.
Madagascar in Turmoil: Government Dissolved After Deadly Unrest
President Rajoelina sacks his cabinet following violent protests over power cuts, as the UN condemns the "brutal" security response that left dozens dead.
In a dramatic move to quell escalating violence, Madagascar's President Andry Rajoelina announced the dissolution of his government in a national address on Monday. The decision comes after days of riots and a security crackdown condemned by the United Nations.
"In accordance with Article 54 of the Constitution, I have decided to terminate the functions of the prime minister and the government. Pending the appointment of a new government, the current one will manage day-to-day affairs," the head of state declared on public television TVM.
Popular Anger Turns to Tragedy
The crisis erupted on September 25th, as widespread frustration over relentless water and electricity shortages boiled over. Protests in the capital, Antananarivo, and other major cities quickly descended into riots and looting, met with a fierce response from security forces.
The UN High Commissioner for Human Rights, Volker Türk, expressed his shock at the "brutal reaction of the security forces." In a stark statement, he revealed a devastating toll: at least 22 people killed and more than 100 injured. The victims include protesters and bystanders shot by security forces, as well as individuals killed during the ensuing chaos and looting.
Emergency Measures and Political Promises
Confronted with the tragedy and international pressure, President Rajoelina opted for a reset. Beyond dissolving the cabinet, he announced the creation of a "special body" to combat looting and violence.
In a political overture, he also promised greater representation for youth in institutions—a clear attempt to address the grievances of a young and restless population at the forefront of the demonstrations.
All eyes are now on the appointment of a new prime minister. This decision will be critical in determining whether this political shake-up can restore calm or merely serves as a temporary fix to a deep-seated crisis. For Madagascar, the path to stability remains uncertain.
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Didier Cebas K.
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