Cameroun - Sécurité. Cameroun : ces réfugiés qui mettent en péril la sécurité

NICOLAS VOUNSIA | Mutations Mercredi le 16 Juillet 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Il est difficile de dire le nombre exact de refugiés installés sur le sol Camerounais. Ils sont sans doute des milliers, voire des millions. Ils arrivent de toutes parts : à l’Est, au Nord, au Sud-ouest. Certes, ses réfugiés permettent aux autorités camerounaises d’engranger des retombées symboliques sur le plan international en tant qu’Etat stable et «protecteur» des réfugiés, mais qu’on reconnaisse aussi qu’ils sont, beaucoup, source d’instabilité et d’insécurité.

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Le 16 février dernier, 100 camions transportant des civils centrafricains débarquent à Garoua Boulaï. Après le débarquement ce sont près de 20 000 personnes qui trouvent refuge dans cette ville. La plupart arrivent dans un état vraiment déplorable parce que certains ont marché parfois pendant plus de 40 jours pour parvenir au Cameroun.
Epuisés, affamés et en mauvaise santé, ils sont immédiatement pris en charge par la représentation locale du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr), qui a pris ses quartiers dans cette ville frontalière avec la Rca par la région de l’Est, avec le soutien des autorités du pays. Pendant ce temps, quelque 3 000 autres personnes traversaient la frontière par Yokadouma, toujours à l’Est.

Selon les informations communiquées par le Hcr, ce mois de février 2014, «près de 28.000 réfugiés centrafricains ont traversé la frontière en direction du Cameroun pour échapper aux violences perpétrées par les milices ex-séléka et anti-balaka à Bangui et dans d'autres villes de la Rca». Les points les plus touchés sont Garoua-Boulaï et Kentzou .Du côté de Touboro dans la région du Nord, on enregistre au dernier pointage du Hrc, 2741 réfugiés logés dans des camps de fortune.

Après cet afflux, «plus de 50.000 réfugiés centrafricains se trouvent au Cameroun depuis mars 2013 lorsque les séléka avaient pris le pouvoir en République centrafricaine, avec un pic entre janvier et mars 2014, période au cours de laquelle nous en avons reçu plus de 43.200», affirme Ndèye Ndour, la représentante du Hrc au Cameroun. Mais, «le chiffre peut être revu à la hausse puisque chaque semaine, on accueille des centaines de déplacés qui entrent au Cameroun par la région de l’Est et de l’Adamaoua», ajoute un responsable du Hrc. Le Hcr attend encore environ 28 000 autres personnes dans les prochains jours, indique une source. Avant la crise actuelle, le Cameroun accueillait déjà 92 000 réfugiés originaires de République centrafricaine. Les premiers d'entre eux étaient arrivés en 2006 après avoir fui les groupes rebelles et les bandits sévissant dans le nord de leur pays.

Rebellions

Du côté de l’Extrême-Nord du pays, précisément dans le département du Mayo-Tsanaga, près d’un millier de Nigérians fuyant les exactions de la secte islamiste Boko Haram ont trouvé refuge. Des centaines de Nigérians sont également rencontrés à Maroua, Kousseri et Mora, autres villes frontalières avec le Nigéria. Bien avant l’influence de cette entreprise criminelle, une forte communauté de Nigérians avait déjà trouvé refuge dans notre pays depuis la guerre du Biafra. Le chiffre exact n’est pas connu. Certaines personnes estiment qu’il y aurait environ trois millions de nigérians au Cameroun. Ils se sont presque intégrés dans la société. Et jouent un rôle déterminant dans notre économie. On rencontre des nigérians dans toutes les grandes villes du pays. Ils sont plus implantés à Douala et Yaoundé. Le Cameroun est vraiment confronté à la problématique des réfugiés qui devient de plus en plus récurrente depuis les années 80.

D’après les explications contenues dans sa thèse pour le doctorat en science politique, Pélagie Chantal Belomo Essono, explique que «le problème des réfugiés a commencé à se poser avec acuité dans les années 80. En effet, en 1980 plus de 100 000 réfugiés tchadiens fuyant la guerre civile entre nordistes et sudistes arrivent à Kousseri , dans la région de l’Extrême-Nord». Les mouvements des réfugiés vont fluctuer suivant les situations de paix et de guerre. Cet auteur ajoute que la recrudescence des rebellions et guérillas au Tchad va provoquer un nouvel afflux des déplacés. Ils atteindront près de 4000 jusqu’en 1993. La crise de 2008 a encore engendré des déplacements vers le Cameroun. Des milliers de Tchadiens sont entrés à Kousseri. Un camp avait été dressé à Maltam à leur faveur. Aujourd’hui, il est difficile de savoir le nombre exact de réfugiés Tchadiens séjournant encore sur notre territoire. Certains ont même déjà acquis la nationalité du pays. Ils sont camerounais et ont fait fortune dans notre pays. On rencontre également des Nigériens, des Somaliens et des Soudanais dans des villes du pays.

En plus, les crises dans les grands lacs et le génocide rwandais de 1994 ont entraîné un afflux de réfugiés rwandais et burundais au Cameroun. Les coups d’état en Sierra Léone, la guerre du Libéria et celle de Côte d’Ivoire entraîneront également un afflux des réfugiés sur le sol camerounais. En novembre 1999 le camp de Langui dans la région du Nord avait été créé pour les réfugiés congolais. Notre pays offre actuellement l'hospitalité à plus de 100 000 personnes relevant de la compétence du Hcr.

D’après l’article deux de la Convention de l’Unité Africaine du 10 septembre 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique, le terme "réfugié" «s'applique également à toute personne qui, du fait d'une agression, d'une occupation extérieure, d'une domination étrangère ou d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité». Cette convention, ratifiée par le Cameroun semble devenir un lourd fardeau qu’on doit supporter.

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