Présidentielle 2025. Djeukam Tchameni depuis sa cellule : l’appel choc qui bouscule la crise post-électorale au Cameroun
Arrêté à son domicile à Douala puis transféré au SED à Yaoundé, Djeukam Tchameni, figure de l’Union pour le Changement 2025 et soutien majeur d’Issa Tchiroma Bakary, continue de peser sur le débat national depuis sa cellule. Incarcéré depuis le 24 octobre 2025, le président du MDI a publié, le 15 novembre, un manifeste inattendu intitulé : « Pour sortir de la crise post-électorale », véritable bombe politique au cœur d’un pays sous tension.
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Une arrestation qui secoue l’opposition
Le même jour que lui, Anicet Ekané, président du MANIDEM, avait également été enlevé par des individus cagoulés identifiés comme des éléments du BIR. Tous deux sont depuis gardés au Secrétariat d’État à la Défense, lieu traditionnellement réservé aux dossiers sensibles de sûreté nationale.
Pourtant, malgré son isolement, Djeukam Tchameni choisit la voie du dialogue. Un choix surprenant, presque déroutant, venant d’un homme que le pouvoir soupçonne d’insurrection.
Un appel au dialogue qui tranche dans un paysage crispé
Dans son texte, Tchameni n’hésite pas à qualifier Paul Biya d’« ex-président ». Mais paradoxalement, il salue le discours d’investiture du Chef de l’État, le décrivant comme « probablement la sortie la moins arrogante en 43 ans de règne ».
Il cite plusieurs extraits jugés comme des signaux d’ouverture :
« Je mesure la gravité de la situation (…) Je voudrais tendre la main à tous (…) L’heure est au rassemblement. »
Cette reconnaissance, inhabituelle dans l’opposition radicale, a surpris bien des acteurs politiques.
Éviter l’embrasement général
Dans son appel, Tchameni se montre alarmiste : « Si la crise post-électorale n’est pas gérée avec sagesse, la guerre larvée du NOSO peut s’étendre à tout le pays. » Il cite l’Adamaoua, le Nord, l’Extrême-Nord, l’Ouest, le Littoral, l’Est… et même Yaoundé.
Pour lui, seule une action urgente peut éviter l’irrémédiable.
Sa proposition : une négociation directe Biya – Tchiroma
Djeukam Tchameni propose :
- Un contact direct entre Issa Tchiroma Bakary (qu’il présente comme détenteur de la légitimité populaire) et Paul Biya (qui contrôle l’appareil de l’État).
- Deux équipes de négociation : l’une de l’Union pour le Changement, l’autre du RDPC.
- Une médiation internationale sous l’égide de l’Union Africaine, avec soutien des USA et de la Russie.
- Un Gouvernement d’Union Nationale,
- Suivi d’une Transition de 3 ans, dirigée par un Vice-président ou un Premier ministre doté des pleins pouvoirs,
- Pour appliquer les réformes du Manifeste de la Transition et de la Refondation de l’UPC 2025.
Une proposition audacieuse, presque irréelle dans le rapport de force actuel.
Le camp Biya peut-il accepter ?
Rappelons qu’après l’élection du 12 octobre, c’est le régime lui-même qui aurait discrètement proposé un rapprochement à Issa Tchiroma…
Proposition immédiatement rejetée par ce dernier, qui revendique sa « victoire électorale ».
Depuis, le discours d’investiture de Paul Biya nourrit toutes les spéculations :
- Gouvernement d’union nationale ?
- Réaménagement politique ?
- Retour de certains opposants dans le jeu ?
Des noms circulent : Cabral Libii, Joshua Osih, Hiram Samuel Iyodi… mais pour l’heure, rien n’indique une ouverture vers le camp Tchiroma.
Le facteur Grand Nord : l’équation qui peut tout changer
Personne, ni au RDPC ni ailleurs, n’a intérêt à voir émerger un front sécessionniste du Grand Nord, comparable à celui du NOSO.
Le poids politique de cette région, historiquement liée à Issa Tchiroma, pourrait inverser le rapport de force.
La pression internationale s’invite dans le débat
L’attitude prudente des chancelleries occidentales depuis la réélection de Paul Biya renforce l’idée qu’un processus de médiation externe pourrait être imposé.
Un scénario UA-UE est désormais évoqué en coulisses.
FOCUS : Black Lawyers for Justice monte au front
Un collectif d’avocats américains, les Black Lawyers for Justice, a adressé une correspondance ferme à l’ambassadeur du Cameroun à Washington.
Ils dénoncent :
- « les mauvais traitements » infligés à Djeukam Tchameni,
- son jugement « illégal » devant un tribunal militaire,
- et exigent sa libération immédiate,
- ainsi que des réparations pour Makini Tchameni et les dommages causés à leur résidence.
Le collectif avertit :
« Si M. Tchameni n’est pas libéré, nous engagerons une action en justice aux États-Unis et déclencherons une campagne internationale. Les conséquences politiques et juridiques seront sévères. »
Un avertissement lourd, qui pourrait peser dans les futures tractations diplomatiques.
From his detention cell at the SED in Yaoundé, Djeukam Tchameni has released a striking political statement calling for urgent negotiations to resolve Cameroon’s post-electoral crisis.
Arrested on October 24 alongside MANIDEM president Anicet Ekané, the MDI leader denounces his abduction by hooded BIR elements and calls for direct talks between Issa Tchiroma Bakary and Paul Biya.
Tchameni warns that if the crisis is not handled wisely, the conflict in the North-West and South-West could spread nationwide.
He proposes an AU-led international mediation supported by the US and Russia, and a three-year national transition led by a powerful Vice-President or Prime Minister.
Meanwhile, the US-based Black Lawyers for Justice demand his immediate release and threaten legal action against the Cameroonian government if harm comes to him.
The political landscape remains tense, with uncertainty over whether Biya’s “extended hand” will lead to genuine national reconciliation or to further repression.
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Didier Cebas K.
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