Cameroun - Transports. Motos-taxis: la crise des roues libres

Jean Baptiste KETCHATENG | Cameroon-tribune Mardi le 15 Novembre 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Tableaux critiques d’un populaire moyen de transport, le fameux bendskin, relativement régulé quoique dynamique.

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L’action publique réclamée
En septembre dernier, l’initiative conjuguée des services de l’administration du territoire, des services de sécurité et des impôts pour faire respecter la loi par les motos-taxis de Douala s’est achevée par une révolte. Le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Ivaha Diboua, a suspendu l’opération, le temps d’y voir plus clair… Et pourtant, clame Fongang Ferdinand Sacbang, président du Groupement des associations et syndicats des motos-taxis du Cameroun (Grasmota), la loi (un décret du Premier ministre de 2013) qui demande de disposer de plaques d’immatriculation, de s’acquitter de l’impôt, etc. est bonne et il faut l’appliquer. Ce qui ne va pas, estime cet entrepreneur social du haut de ses 20 années d’expérience comme mototaxi, puis syndicaliste, c’est le jeu des avancées et reculades. Et pour cause… Même si la délégation régionale des Transports assure qu’une étude locale est en cours pour enfin réglementer effectivement le secteur, la situation préoccupe des acteurs de terrain.

Réduire les risques du métier
Les quelque 100.000 motos-taxis que le Grasmota dénombre (en partant de la base de 90.000 paiements de l’impôt libératoire pour cette activité enregistrés à Douala il y a quatre ans) sont en effet des travailleurs au cœur de difficultés multiples. Une étude menée en 2014 par le Dr Jean-Pierre Kidwang de la faculté de Médecine de l’université de Douala a révélé par exemple que 82% de ces motocyclistes à la recherche du pain quotidien ne sont pas satisfaits de leur activité. 61% d’entre eux ont déjà été victimes d’accidents de la circulation. Trois quarts ne disposent d’aucun équipement de sécurité, encore moins ceux qu’ils transportent (93%). Sans parler des pollutions liées à l’inhalation des fumées, aux vibrations, aux violences causées ou subies… « Voilà pourquoi beaucoup sont si agressifs, violent le code de la route... Il y en a qui sont sur la moto physiquement tandis que leur attention est ailleurs. Réorganiser ce métier est plus qu’urgent», plaide M. Fongang du Grasmota.

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L’identification, limite préalable
La faible prévalence de satisfaction au travail évaluée chez les conducteurs de motos-taxis appelle des pansements sociaux, selon le Dr Kidwang. Précisément, propose le Grasmota, il s’agirait d’abord de « dire qui est moto-taxi et qui ne l’est pas ». Des milliers d’employés d’autres secteurs complèteraient leurs revenus avec le fruit de courses effectuées le matin ou le soir, selon leur emploi du temps. « Identifier permet d’avoir un fichier de professionnels que l’on peut contrôler plus aisément. Cela donnerait l’exclusivité aux vrais mototaxis et ceux qui travaillent à temps partiel peuvent être imposés en conséquence », explique M. Fongang.  Pour lui, ce préalable doit être suivi d’une limitation d’âge car un « bon bendskineur ne peut avoir 18 ou 20 ans. Il y a trop de pressions et de dangers pour qu’on laisse des jeunes prendre le guidon ». Bonne nouvelle, l’échantillon de l’étude du Dr Kidwang montre que la moyenne d’âge est élevée : environ 30 ans.

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