Lions indomptables. Cameroun - Cote d'Ivoire - Au-delà de la victoire sportive: Les bienfaits de l'alternance - Eto’o Fils parti Et si Biya suivait son exemple…

Le Messager Vendredi le 12 Septembre 2014 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La victoire héroïque des Lions indomptables contre la Côte d'Ivoire, le 10 septembre 2014 a suggéré à de nombreux Camerounais que si après 32 ans de règne, Paul Biya passait la main, on pourrait assister à la Renaissance dans notre pays. Evocation!

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Eto’o parti: Et si Biya suivait son exemple…

Le président de la République pourrait aussi bien copier le modèle du goleador camerounais dont le départ a permis aux jeunes Lions indomptables de pouvoir s’exprimer librement sur le terrain.

Les Lions Indomptables ont renoué avec la victoire…et de la plus belle des manières. Du coup, ils ont retrouvé de la sympathie auprès des millions de Camerounais qui reluquent leurs performances au quotidien. Le président de la République fait partie d’eux. La preuve, si cette série de victoires dans les stades continuent, il n’est pas exclu que dans ses prochaines déclarations à la Nation, Paul Biya recommence à prendre pour exemple ces jeunes qui se démènent derrière un ballon, pour hisser le drapeau du pays au firmament mondial. En fait, il est normal pour un homme qui dirige un pays de se servir de toute sorte de victoires pour ses causes politiques.

Mais, aujourd’hui, la réalité qui s’impose à tous est que les Lions ont retrouvé de l’envie de gagner et de bien faire après le départ de certaines personnes qui, à tort ou à raison, sont accusées d’avoir longtemps plombé cet entrain, cette hargne, cette volonté de glaner des victoires. Dans certains milieux de la capitale, même les plus feutrés, l’on ne cesse de comparer le « nettoyage » de l’équipe nationale de football à un nécessaire « rajeunissement » de la classe aux affaires depuis des années dans le pays. En effet, le lien est vite fait entre les« vieux » de l’équipe de football, qui ont annoncé successivement leur retraite, et les caciques du pouvoir, qui continuent de s’y accrocher.


Parallèle football/establishment

Pour de nombreux observateurs, ce sont « les vieux de l’équipe qui empêchaient les jeunes de pouvoir s’exprimer ». Et l’analyse n’est pas aussi erronée que cela. En effet, mercredi, on a vu des jeunes complètement débridés, qui se sont lâchés et ont pu montrer leur volonté de conquérir l’adversaire, les adversités. On se rend donc bien compte que la présence de stars au crépuscule de leur carrière internationale comme Samuel Eto’o, Alexandre Song, Jean II Makoun et autres les empêchait justement de se lâcher – du moins quand ils avaient de rares occasions d’être sélectionnés.

Le parallèle est donc fait avec ce qui se passe dans l’establishment. Depuis une trentaine d’années, Paul Biya est au pouvoir, avec un cercle d’amis croûlants, qu’il place ou déplace comme des pions, selon ses intérêts et ses objectifs personnels. L’homme du Renouveau tourne avec les mêmes, indéfiniment, sans donner l’impression de vouloir amorcer un rajeunissement dans le sérail. Ce qui fait que des habitudes se sont installées : gabegie, concussion, trafic d’influence, etc. Et rien n’avance. Autant sur le plan économique que social. On n’a plus de victoires dans ces domaines depuis des lustres, malgré des expressions pompeuses : « Grandes ambitions », « Grandes réalisations », « Emergence », etc.


Pas d’occasion de s’exprimer

Pourtant des jeunes sont là, prêts à servir leur pays avec ardeur, comme on a vu les valeureux Lions mercredi dernier. Mais, Paul Biya et ses « amis » ne leur ont vraiment jamais donné l’occasion de s’exprimer. Et quand bien même on appelle quelques uns aux affaires, ils finissent toujours par buter sur un mur en béton armé, dressé par les caciques, qui les empêchent de travailler et d’apporter des résultats convaincants. N’a-t-on pas vu de jeunes ministres ou directeurs généraux être vite avalés par les habitudes du sérail ? Arrivés aux affaires, ils tentent d’apporter des réformes. Mais, très vite, on leur fait comprendre que «c’est comme ça que nous fonctionnons ici». Leur travail est très vite plombé par un système bien huilé, qui veut que personne n’émerge ou n’ait des idées lumineuses…en dehors du président de la République, l’homme aux «idées éclairées», si l’on s’en tient aux discours de certains, tant dans le gouvernement qu’au Parlement.

A bas donc les jeunes dans le sérail, comme cela se faisait encore il y a quelque temps dans l’équipe nationale de football. Or, notre gouvernement, nos appareils de décision ont besoin de sang neuf, d’une véritable cure de jouvence, de cette vigueur que l’on ne trouve que très rarement chez les personnes de plus de 60 ans. Malheureusement, le président de la République ne voit pas cela de cet œil. Bien au contraire, sa volonté de s’accrocher au pouvoir avec ses affidés a fini par gangréner même le système administratif. Ne voit-on pas souvent, dans certains départements ministériels, des « anciens » mettre des bâtons dans les roues des « jeunots » parce qu’ils sont offusqués de leur nomination ? Quoi qu’il en soit, en partant avec ses amis de l’équipe nationale de football, Samuel Eto’o vient de donner une leçon à Paul Biya : laisser la place aux jeunes qui pourront mieux porter les intérêts du pays.

Alain NOAH AWANA




Au-delà de la victoire sportive: Les bienfaits de l'alternance

Il y a ce titre qui barre la Une du Quotidien d'Etat, Cameroon Tribune, livraison du 11 septembre 2014, éditée au lendemain de la victoire 4-1 de l'équipe nationale du Cameroun: "Les jeunes assurent". Il n'y a pas qu'en sport, une des choses les plus pratiques dans l'activité humaine, où les acteurs sont jugés quasi exclusivement sur des résultats que le journal à capitaux public puisse oser apporter ce traitement de l'actualité. Car on imagine très mal les brillants confrères du Quotidien de la Rue de l'aéroport, réserver ce traitement à une actualité politique ou sociétale sans du tout craindre de se faire taper sur les doigts, d'être accusé de faire des insinuations sur la longévité du véritable directeur de publication du grand quotidien national – c'est Paul Biya qui nomme par décret le Dg de Sopecam, matrice de Cameroon-tribune-. Mais puisqu'on est en sport et que les résultats sont patents, même Cameroon-tribune a dû reconnaître que le renouvellement, le rajeunissement, la révolution ou le changement ne sont pas mauvais... au contraire, il porte des vertus de la vitalité et des résultats dans ses gènes.

En effet, au fond, Cameroon-tribune comme l'ensemble de la presse imprimée hier matin a salué le départ de ceux qui avaient obtenu des « titres fonciers » au sein de l'équipe nationale du Cameroun. Ceux des Lions qui n'avaient plus faim de victoires et de lauriers et se ménageaient ou ménageaient leur puissance musculaire, quelque peu pour avoir déjà affronté d'épreuves similaires, auxquelles ils faisaient face il y a quelques mois, dans le passé. La bande à Eto'o, Song, Makoun… ne manquait pas de talents, mais était simplement blasée par les compétitions, par la routine des matches et le cycle éliminatoires-coupe d'Afrique-coupe du monde- et éventuellement retour triomphal au pays, si bien qu'ils avaient perdu de cette niaque ou du fameux "hemlè" qui insuffle l'esprit Lions indomptables. Il n'a fallu que quelques ajustements et un changement à la tête du onze entrant pour assister à la transfiguration de la sélection nationale totalement méconnaissable le 10 septembre et samedi 6 septembre pour qu'on se demande de quelle nationalité étaient les joueurs de l’effectif de l'expédition de la Coupe du monde 2014 au Brésil, disputée quelques trois mois seulement avant.

Si le reste du corps social s'inspirait de cette belle leçon du football... si à la tête du pays on assistait enfin au changement de leaders, on pourrait bien, un jour, pourquoi pas, célébrer des performances économiques spectaculaires, du fait d'un nouveau leader qui a faim, qui a soif de volonté simplement parce que comme Njié Clinton ou Vincent Aboubakar sur le stade, a conscience d'avoir son avenir, sa carrière devant lui et a tout à gagner. Et donc a intérêt à doubler d’ardeur au travail, de faire preuve de disponibilité, pour noter au marquer rouge son nom dans l'histoire. Car en sport au-delà de 10 ans, on a du mal à se renouveler autant qu'en politique au bout de 32 ans d'intenses activités, on ne songe plus à ses performances mais simplement à son maintien en se contentant de liquider l'essentiel. Or, si le sport est essentiellement ludique, la politique à la mission de régler les problèmes de la communauté. Le changement ou l'alternance vaut son pesant d'or en politique beaucoup plus qu'en sport pour l'avenir des communautés. Il faut alterner immanquablement. C'est bon qu'au Cameroun, la leçon vienne du foot. C'est bien que le foot rappelle que l'alternance est à la démocratie, ce que l’oxygène est à la respiration, comme le suggère Mathias Eric Owona Nguini.

Rodrigue N. TONGUE



Cameroun, football et Renaissance

En l’espace de cinq jours, les Lions (qui redeviennent ?) Indomptables ont terrassé respectivement les Léopards de la République démocratique du Congo (Rdc) dans le chaudron de Lubumbashi samedi 6 septembre (1-2) et les Eléphants de Côte d’Ivoire mercredi 10 septembre dans la cuvette de Mfandéna au cœur de Yaoundé (4-1) ! Deux victoires en deux matches. Six points sur les six possibles. Six buts marqués, un seul concédé. Jusqu’à quelques minutes desdits matches, ils étaient très peu nombreux, au Cameroun et en dehors, à pronostiquer de tels résultats. Tant les Lions ‘Domptables’ nous ont habitués à perdre. Ou à gagner sans véritablement convaincre.

Renaissance ? C’est sûr, ces Lions-là font plaisir à voir. Par leur aisance à faire circuler le ballon sur le terrain. Leur solidarité. Leur générosité dans le jeu. Et, par une certaine insouciance. Mais surtout par leur efficacité. Allez, on ne va pas faire la fine bouche. En tout cas, pas les fans qui hurlent déjà leur joie retrouvée. Après avoir longtemps balbutié leur football, les rois de la forêt recommencent à rugir ! Exit, les campagnes foireuses des coupes du monde 2010 et 2014. Exit aussi les Can manquées de 2012 et 2013.

Faut-il pour autant s’enflammer ? Certes, après plusieurs années de disette, l’on ne peut que se réjouir de l’embellie. Mais il faut sans doute jouer aussi la carte de la prudence. Et contextualiser les deux dernières victoires. Elles arrivent après une série d’échecs et malentendus qui ont fini par empoisonner la tanière des fauves. Les enjeux de couloirs ayant pris le pas sur le jeu et les objectifs sportifs, l’on a consenti, comme à contre cœur, de couper la tête à quelques boucs-émissaires. Pour satisfaire le besoin de sang d’un peuple de supporteurs assoiffés. Consciente qu’elle ne peut faire pire, la nouvelle équipe remaniée marque des points au sein de l’opinion.

Mais on aurait tort de crier trop vite victoire. Il convient d’avoir le triomphe modeste. Car le chemin reste long. Comme catharsis, c’est un peu court. Le saupoudrage (pour reprendre une expression de notre confrère à capitaux publics, Cameroon Tribune) ainsi effectué peut-il tenir dans la durée ? A l’évidence, les problèmes de fond, notamment une vraie professionnalisation de l’encadrement de l’équipe nationale, ont été éludés. L’injection du sang neuf si nécessaire soit-il ne saurait en aucun cas être la panacée.

De même, on aurait tort de jeter le bébé avec l’eau du bain. Si, en effet, l’on a décidé d’écarter certains joueurs au motif officieux qu’ils ont dénoncé (un peu bruyamment peut-être) l’amateurisme des dirigeants de notre football, on ne devrait pas en revanche ignorer les problèmes soulevés et qui ne datent pas d’aujourd’hui. Il convient donc de regarder la lune qu’ils pointent et non leur doigt ! La normalisation en cours à la Fécafoot participe-t-il à cela ? Cet enjeu ne devrait pas être perdu de vue. Car il s’agit de nettoyer les écuries d’Augias qu’est devenue, au-delà de l’équipe nationale, la gestion de notre football.

De même, stigmatiser ceux des joueurs écartés de la sélection mais qui ont contribué chacun à écrire l’histoire du foot camerounais, celle-là que la nouvelle génération qu’on célèbre aujourd’hui -comme l’on a célébré celle qui s’en va - est appelée à continuer, les jeter donc en pâture comme certains esprits excessifs et revanchards seraient tentés de le faire pourrait s’avérer contre-productif. Car un peuple qui se respecte ne devrait pas avoir la mémoire courte…

Au nom de quoi d’ailleurs doit-on chasser les uns pour ‘vieillesse’ et laisser d’autres, en l’occurrence ceux qui nous gouvernent depuis des lustres, et qui n’ont plus leur première jeunesse et surtout, qui sont plus que ceux qu’on chasse aujourd’hui, dépassés par les événements ? Le poisson ne pourrit-il pas par la tête ? C’est évident. Le football camerounais est à l’image de notre pays. Et plus que le football, c’est le Cameroun qui a besoin d’une véritable renaissance.

Fenêtre : « Au nom de quoi d’ailleurs doit-on chasser les uns pour ‘vieillesse’ et laisser d’autres, en l’occurrence ceux qui nous gouvernent depuis des lustres, et qui n’ont plus leur première jeunesse et surtout, qui sont plus que ceux qu’on chasse aujourd’hui, dépassés par les événements continuer à nous mener dans le mur ? Le football camerounais est à l’image de notre pays. Et plus que le football, c’est le Cameroun qui a besoin d’une véritable renaissance. »

Frédéric BOUNGOU 

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