Cameroun - Transport. Cameroun: la moquerie de Paul Biya au peuple camerounais

Mathieu Nathanael Njog | Aurore Plus Mercredi le 09 Juillet 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Président de la République a signé deux textes pour répondre à la grogne qui fait suite à la hausse unilatérale et arbitraire du prix des hydrocarbures (essence, gaz domestique), qui sont entrés en vigueur depuis le 1er juillet 2014.

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I- Des textes présidentiels qui dénient l’importance des concertations

LE PRÉSIDENT de la République qui est parti du Palais d’Etoudi pour son Château de Mvomeka depuis samedi 5 juillet 2014, alors que les menaces des confédérations syndicales annonçaient plusieurs grèves à partir d’hier lundi 7 juillet 2014, a cru donné une cinglante réponse pour refroidir les ardeurs des Camerounais en signant deux textes qui se veulent importants. Un décret qui revalorise les salaires des personnel civils et militaires de 5% et une ordonnance qui modifie des dispositions du Code général des impôts portant sur la réduction de certaines taxes spéciales sur les produits pétroliers à savoir celles sur la nomenclature du prix de l’essence à la pompe. Il s’agit de 80 Fcfa sur le litre du Super et 60 Fcfa sur le litre du Gasoil.

De même que certaines taxes indues dans le transport urbain et interurbain des personnes et des marchandises. A savoir ce que représente concrètement la réduction de 50% du montant de l’impôt libératoire, de la taxe de stationnement et de la taxe à l’essieu. Cette dernière sera applicable de manière graduée précise le texte. Des décisions qui étaient attendues, mais après l’aboutissement des négociations et concertations annoncées par le communiqué du 30 juin 2014 signé de Louis Paul Motazé, Secrétaire général des Services du Premier Ministre, annonçant la hausse des prix des hydrocarbures qui entrait en vigueur dès le 1er juillet 2014.

Curieusement, elles arrivent alors que le gouvernement est en cours de négociations avec les partenaires sociaux. Une méprise de plus qui montre que la gestion des affaires de l’Etat n’a rien de participative et que les négociations sont tout simplement des séances de théâtralisation où des pratiques peu orthodoxes et répréhensibles à l’instar de la corruption sont privilégiées. Comme à son habitude, ces «importants » textes du Président de la République selon les médias à capitaux publics «sont arrivés dans un chambardement du processus préalablement annoncé qui confirme que le régime du renouveau a fait de la pratique de mettre la charrue avant les boeufs son mode de fonctionnement», confie un responsable syndical.

Preuve d’un manque de cohésion gouvernementale dans la gestion des affaires de l’Etat. Sinon comment comprendre de l’avis es partenaires sociaux ces récents textes présidentiels après que l’opinion publique nationale ait décrié orbi urbi l’augmentation unilatérale du prix des hydrocarbures qui a été marquée par une hausse de 81 Fcfa le prix du litre du Super à la pompe ; 80 Fcfa de celui du gaz oil et de 500 Fcfa la bouteille de gaz domestique de 12,5 Kg. Passant respectivement de 569 à 650 Fcfa le prix du litre de super; de 520 à 600 Fcfa le litre de gasoil; et de 6000 à 6500 Fcfa la bouteille de gaz domestique.

Et pour les organisations de défense des droits des consommateurs qu’ils arrivent après l’interruption des négociations depuis le troisième trimestre 2012 ; Du côté des syndicats que lesdites ordonnances n’aient pas tenu compte des résolutions de la réunion du 5 mai 2014. Les puristes du droit relève le caractère illégal de cette augmentation. Ces derniers font remarquer qu’une décision aussi importante qui engage la vie de la nation ne saurait être prise par un communiqué du Secrétaire général des Services du Premier Ministre. Parce qu’elle a une incidence sur la loi de Finances de 2014 qui a été arrêtée en recettes et en dépenses à 1000 milliards de Fcfa.

Or cette augmentation des prix des hydrocarbures va considérablement la modifier, puisque les aménagements de la fiscalité des produits pétroliers vont déséquilibrer le budget 2014 de pas moins de 15 milliards Fcfa. Si à cela on ajoute les incidences de la légère revalorisation de 5% des salaires des personnels civils et militaires de l’Etat qui a été annoncée hier et qui va prendre effet dès la fin du mois de juillet, il faudra alors rechercher près de 30 milliards Fcfa puisque la masse salariale de près de 200 000 agents de l’Etat va passer de 60 milliards Fcfa à 90 milliards pour l’exercice 2014.

II- 5% de revalorisation qui est une mauvaise blague

Ce qui fait dire au Race que «cette décision du Président Paul Biya ressemble à une mauvaise blague.» Puisqu’«augmenter de 5% le salaire des fonctionnaires ne peut leur permettre de juguler les effets pervers de l’augmentation des prix du carburant.» En plus, revaloriser de 5% le salaire uniquement des agents permanents de l’Etat qui ne représente pas 40% des Camerounais employés ne va pas répondre à l’inflation qui arrive au galop avec en perspective déjà la revalorisation des tarifs de transport qui est quasiment acquise au regard des promesses faites par le ministre du Commerce aux syndicats des Transports. Plus encore, une partie importante des effectifs des agents de l’Etat jouit des véhicules de service et par ricochet gère d’importants stocks de bons de carburant qu’ils usent et abusent dans la consommation des véhicules de services et familiaux. Conséquence, ils ne ressentent pas cette hausse du prix du carburant à la pompe dans leur portefeuille. La majorité ne connaît même pas le prix du carburant à la pompe.

Mais encore, comme le fait remarquer l’article ci-contre, même le personnel du secteur public ne se réjouit pas de cette revalorisation qui frise une moquerie de mauvais goût. Car comme, nous le font remarquer certains que nous avons rencontrés, «que représente 5% de revalorisation dans un salaire déjà insignifiant ?» Et de poursuivre sans fausse modestie : «face à l’inflation qui s’annonce sur tous les produits et services dans les jours à venir que peut combler 5% de salaire en plus. Il faut indiquer que 5% de plus sur un salaire de 200 000 Fcfa, représente simplement 10 000 Fcfa».

Imaginons ce que 5% peut représenter sur un salaire de 115 000 Fcfa du dernier agent des 25 000 qui ont été recrutés dans la fonction publique il y a une peu plus d’un an. Pas de quoi combler les effets induits de surenchères des prix des produits et des services qui sont inévitables. Or les revendications des partenaires sociaux demandaient que le gouvernement augmente de 75% des salaires des fonctionnaires et des petits salariés du privé ayant un revenu brut inférieur ou égal à 100 000 Fcfa.

Les syndicalistes pointilleux font remarquer qu’il ne faut pas perdre à l’esprit que ce salaire a connu 75% de baisse avant de connaitre une revalorisation de 15% et aujourd’hui de 5%. Soit un gap de 55% qui reste à combler si on s’en tient à la première baisse qui date de 1994. Or, 20 ans plus tard, ce salaire devrait connaître logiquement une revalorisation d’au moins 20%. «C’est dire que le salaire des personnel de l’Etat continue à être déficitaire de 75%». Les seuls bénéficiaires sont les personnels militaires, eux qui n’ont jamais connu de baisse, mais en revanche ont jouit des revalorisations globales des personnels de l’Etat et des revalorisations particulières. La dernière en la matière date de la célébration du cinquantenaire des armées en 2010 à Bamenda.

Plus encore, les hommes en tenue ne gèrent pas de bons de carburant, mais s’approvisionnent dans les soutes des armées où le carburant leur est servi à vil prix mieux gratuitement. Une gestion du deux poids deux mesures. Puisque plusieurs cadres des services publics ne jouissent pas des mêmes avantages. On peut citer la magistrature et l’enseignement qui sont dans ce chapelet qui est loin d’avoir été entièrement égrené. Des enfants pauvres de la fonction publique camerounaise.

Des salaires de catéchistes, accompagnés des avantages des souris d’églises. Puisque là où un lieutenant ou un grade similaire des armées roulent avec une voiture de service et des avantages qui vont avec son grade, les magistrats et les enseignants des lycées, collèges et même d’universités ploient dans la misère. Comment expliquer que des magistrats sont souvent perçus au sortir des audiences à des heures tardives de la nuit en train d’emprunter le taxi parce que n’ayant pas de véhicule de service. Ce qui peut considérablement influer sur leur partialité au regard de l’insécurité à laquelle ils sont exposés. Ils doivent jouir, pour certains, d’un train de vie amélioré grâce à leurs efforts personnels, ce qui favorise la propension de la gangrène sociale qu’est la corruption.

Devant ce tableau sombre et qui frise la révolte même des 200 000 agents de l’Etat qui est un effectif insignifiant sur un peu plus du 1,5 million de Camerounais qui sont des salariés des différentes entreprises du secteur privé et public, il y a lieu de se demander à quel jeu joue le gouvernement. Lui qui avait annoncé dans les mesures d’accompagnement, certes le maintien du prix du litre de pétrole à 350 Fcfa ; la réduction de 50% du montant de l’impôt libératoire, de la taxe de stationnement et de la taxe à l’essieu ; revalorisation des salaires des agents publics ; qui sont plus ou moins effectifs ; mais que du Smig dont on annonçait des concertations paritaires en vue de la revalorisation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) qui est de 28 216 Fcfa.

Qui concerne un grand nombre des travailleurs non déclarés. Et pour lesquels les partenaires sociaux et les partis politiques demandent qu’il change de dénomination pour devenir Salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) et réclament qu’on le revalorise à 75 000 Fcfa. A cela s’ajoute l’instauration d’un «Revenu de solidarité nationale» de 25 000 Fcfa pour chaque citoyen Camerounais au chômage, âgé d’au moins 25 ans.

 

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