Affaire Kamto. L’avocate Michèle Ndoki rejoint en prison la cohorte d’opposants camerounais au régime

cameroun24.net Jeudi le 28 Février 2019 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Jusqu’où ira la répression de l’opposition au Cameroun? L’annonce de l’arrestation, mardi, de l’avocate Michèle Ndoki semble confirmer les pires craintes. Celles d’une volonté de faire taire les voix contestataires relate le quotidien français Libération.

ADS


Depuis fin janvier, plus de 150 opposants, dont Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun
(MRC), croupissent déjà à Kondengui, la prison centrale de la capitale, Yaoundé. Lors du dernier scrutin présidentiel, le 7 octobre, Kamto avait été le principal challenger du président Paul Biya, au pouvoir depuis trente-six ans. La victoire de ce dernier n’avait jamais été reconnue par l’opposition et c’est justement Michèle Ndoki également vice-présidente du MRC, qui avait dénoncé, mi-octobre, les irrégularités du scrutin devant le Conseil constitutionnel. Sans rien obtenir: sous leurs perruques blanches, les «sages», tous nommés par le pouvoir, avaient confirmé la victoire de Biya, officiellement crédité de 71% des voix.

Trois balles.

Mais au cours de cette séance, la brillante plaidoirie de cette avocate de 47 ans n’était pas passée inaperçue et les partisans de Kamto ont poursuivi leur mobilisation. Et c’est précisément à la suite d’une manifestation contre ce qu’ils considèrent comme un «hold-up électoral», le 26 janvier à Douala, la capitale économique, que Kamto sera arrêté.

Ce jour-là, Michèle Ndoki, elle, se trouve dans le cortège qui défile pacifiquement quand les forces de l’ordre commencent à tirer. Poursuivie par un policier qui l’a reconnue, elle trouve refuge dans un restaurant de rue où «il a braqué son fusil directement surmoi», racontera-telle plus tard. Atteinte par trois balles à la cuisse, elle décide de se cacher dès sa sortie de l’hôpital le lendemain, en apprenant les arrestations de Maurice Kamto et de nombreux sympathisants de l’opposition. C’est dans cette cachette que les policiers sont venus la dénicher mardi.

De quoi est-elle accusée? Rien ’a filtré pour l’instant. On sait simplement qu’elle a été immédiatement transférée à Yaoundé avec son compagnon, Philippe, un Canadien d’origine camerounaise. «Cette arrestation, elle s’y attendait hélas. Mais ce qui est préoccupant, ce sont ses blessures, de quatre centimètres de profondeur, qui ne sont pas cicatrisées. Or vu l’état de délabrement des commissariats et des prisons du Cameroun, sa santé peut se détériorer rapidement», s’inquiète un proche.

Femme énergique et courageuse, «sincèrement heurtée par les souffrances et les injustices qui s’accumulent», soulignent ceux qui la connaissent, Michèle Ndoki est née en France de parents camerounais qui sont rentrés dans leur pays natal quand leur fille avait un an et demi. Michèle retournera dans l’Hexagone pour ses études, mais refusera toujours de prendre la nationalité française, convaincue d’être plus utile au Cameroun. Cette mère de deux enfants connaîtra-t-elle le même sort que Maurice Kamto et ses partisans emprisonnés? Présentés mi- février devant un tribunal militaire, accusés entre autres d’«hostilité contre la patrie» et d’«incitation à l’insurrection», ils risquent en principe la peine de mort.

Silence.

Mardi, lors de la première audience devant ce tribunal militaire, les avocats de Kamto avaient contesté sa légitimité à juger des opposants, faisant référence à une série de lois nationales et internationales.
«Apportez-moi donc ces documents», a répondu en substance le juge en ajournant la séance. Une réaction ubuesque qui ne peut faire oublier «le climat de terreur que le pouvoir tente d’instaurer dans le pays», fait valoir un Camerounais de la diaspora à Paris. Et face à cette dérive, les chancelleries occidentales se murent dans un silence assourdissant. Certaines d’entre elles, approchées par des proches de Michèle Ndoki lorsque celle-ci était encore cachée, se sont ainsi retranchées derrière «le refus de toute action qui pourrait faire croire à une ingérence». Dans ses tweets les plus récents, l’ambassadeur de France à Yaoundé vante pour sa part le succès du «business France-Cameroun».


MARIA MALAGARDIS

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS