Présidentielle 2011. Odile Tobner, écrivaine française spécialiste du Cameroun: « Tout le dispositif du régime Biya est conseillé et équipé par la France »

TV5 Jeudi le 06 Octobre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L'état du Cameroun est désastreux. Tous les indicateurs en matière de développement humain sont très au-dessous de ce qui pourrait et devrait être eu égard aux ressources du pays. Depuis trente ans, il n'y a pratiquement pas eu de construction d'infrastructures.

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L'Etat consomme tout le budget et n'investit pas. 80 % de la population en âge de travailler le fait dans le cadre « informel », c'est-à-dire celui d'une survie précaire. Une corruption généralisée règne dans toute l'administration. Il y a une pseudo lutte contre la corruption qui masque les règlements de compte au sein de l'oligarchie au pouvoir.

Encore fin juin dernier, le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a comparé Biya à la reine d'Angleterre pour justifier son inamovibilité. Tout le dispositif de défense du régime, police, armée, est conseillé et équipé par la France. Sur le devant de la scène la France essaie peut-être de faire profil bas mais l'implication des intérêts français avec le régime de Biya est considérable.

Et on ne peut pas espérer de soulèvement non plus. Il faudrait qu'il y ait une classe moyenne émergente pour entraîner et structurer des revendications, au delà d'une révolte spontanée. Or, toute manifestation de 10 personnes est immédiatement réprimée. On vient d'incarcérer à Douala une dizaine de jeunes qui distribuaient les tracts électoraux d'un candidat, alors que la jeunesse dorée parcourt la ville en voitures de luxe en jetant à pleines mains la propagande pour Biya.

UN PAYS SANS SOCIÉTÉ CIVILE ORGANISÉE


Une société civile suffisamment organisée n'existe pas au Cameroun. Il n'y a qu'une bourgeoisie de prébendiers liés à l'Etat en face d'intellectuels chômeurs ou paupérisés. Le niveau de rémunération des enseignants est dérisoire. La petite entreprise, les artisans les commerçants sont saignés par le racket de l'Etat. L'absence de cette classe émergente est la preuve de l'échec total de toute amorce de développement. C'est un face à face entre une très petite minorité de milliardaires bunkerisés et la masse misérables des bidonvilles.

De fait, Biya n'a pas besoin de soutiens internationaux. Il a tout l'arsenal qu'il faut pour écraser toute velléité de révolte populaire désarmée. Il faudrait qu'il ait en face de lui un mouvement puissamment armé, comme en Libye ou en Côte d'Ivoire par exemple. Et encore il faudrait probablement que la « communauté internationale » vienne au secours de ce mouvement, comme en Libye et en Côte d'Ivoire. Ce n'est guère imaginable, donc il faut en conclure que la passivité des défenseurs des Droits humains joue pour Biya.

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