Francafrique Sarkozy confronté aux crises d`ex-colonies en crise, sous les critiques de l`opposition
Tunisie, Côte d'Ivoire, Sahel : depuis plusieurs
semaines, le président Nicolas Sarkozy doit gérer une série de crises dans plusieurs des ex-colonies françaises, l'obligeant à une gestion délicate sous l'oeil critique de l'opposition.
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Devant "la complexité" de la situation en Tunisie, "plus on est discret, plus on est efficace", plaidait-on dans l'entourage du chef de l'Etat encore vendredi soir.
C'était juste avant la révélation de la fuite de Zine El Abidine Ben Ali, aujourd'hui réfugié en Arabie saoudite, après un mois de manifestations réprimées dans le sang.
Dès la nouvelle connue, le président organisait la première réunion, avec le Premier ministre, François Fillon, consacrée à ce dossier brûlant d'une ex-colonie où résident au moins 22.000 ressortissants français (dont les deux-tiers sont des bi-nationaux).
Jusque-là, Nicolas Sarkozy avait renoncé --du moins officiellement-- à intervenir personnellement, laissant le porte-parole du gouvernement François Baroin défendre la "position équilibrée" de la France, alors que le PS dénonçait le "silence coupable" de Paris.
Le chef de l'Etat a choisi samedi de sortir de ce silence en affirmant par un communiqué que la France apportait "un soutien déterminé" au peuple tunisien et appelait à "des élections libres dans les meilleurs délais".
Mais pour l'opposition, ces déclarations arrivent "un peu tard", selon Noël Mamère (Europe Ecologie-Les Verts). "La France a soutenu la dictature de Ben Ali jusqu'au dernier moment", selon Cécile Duflot, secrétaire nationale du même parti.
L'ex-Premier secrétaire PS, François Hollande, s'est dit une nouvelle fois samedi "frappé par le silence de Nicolas Sarkozy" dans les heures qui ont suivi l'annonce de la fuite de Ben Ali.
Pourtant, "toute prise de position" de M. Sarkozy "aurait immédiatement eu pour conséquence de radicaliser la situation", a plaidé le député UMP Jacques Myard.
"On voit aujourd'hui que les islamistes ne sont pas dans les manifestations, qu'il y a une voie de passage vers la démocratie en Tunisie.
Mais (...) nous sommes hantés par le traumatisme des élections en Algérie (en 1992, qui avaient donné le pouvoir aux islamistes avant d'être annulées, ndlr)", a plaidé samedi auprès de l'AFP un ministre pour expliquer la "discrétion", observée jusque-là par Paris.
"Il faut être attentif à ce qu'on fait car si c'est pour se retrouver avec les intégristes au pouvoir, on n'a pas gagné grand-chose", ajoute le même.
Autre argument avancé pour ne pas alimenter la colère des Tunisiens, alors que les violences continuaient de plus belle samedi: la présence des Français sur place, dont beaucoup d'entrepreneurs ayant partie liée avec des proches du régime.
Avec ce même souci revendiqué de "prudence", la France, où résident plusieurs centaines de milliers de Tunisiens, la plupart anti-Ben Ali, a refusé la venue sur son sol de l'ex-président tunisien. "Il n'en a jamais été question", a dit samedi M. Baroin.
Nicolas Sarkozy a également été critiqué par l'opposition pour sa gestion de la crise en Côte d'Ivoire. Cette fois, pour être intervenu dans cet autre dossier brûlant. "Ce n'est pas à Sarkozy de prendre des initiatives mais aux Nations Unies et à l'Union africaine", lui avait reproché M. Hollande
Enfin, au Sahel, où deux otages Français ont été tués le 8 janvier, le chef de l'Etat affronte également le courroux de l'opposition en raison de l'assaut mené par des forces spéciales françaises pour tenter les libérer.
La polémique pourrait encore enfler après les affirmations d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) selon lesquelles l'un des otages a été tué par des frappes françaises.
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