Cameroun - Education. Ecoles de souveraineté : N’entrent ici que les enfants des « riches » ?

Georges Parfait Owoundi | Mutations Jeudi le 16 Juillet 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La transparence est-elle possible aux concours dans les institutions prestigieuses qui forment l’élite du Cameroun ?

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Les derniers concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), et ceux de l’Ecole militaire interarmées (Emia) ont livré leurs verdicts ou presque, pour le second cas. Les candidats déclarés admis sont considérés comme de véritables héros dans l’imaginaire collectif camerounais, de vrais privilégiés de la République, par ces temps où trouver un emploi décent pour un jeune Camerounais équivaut presqu’à ressusciter Cendrillon. Les grincements de dents pour les recalés ne retentissent sur la place publique, mais ça détonne dans les chaumières. D’aucuns pensent que le mérite a été sacrifié. Certains patronymes affichés sur les listes, se plaignent-ils, laissent deviner les origines de quelques « heureux élus ». Au détour d’une conversation, un enseignant de l’une des ces « écoles de souveraineté » prévient : « Il faut éviter un autre scandale comme celui de l’Iric [Institut des relations internationales du Cameroun]».

Pour rappel, l’Iricgate est né du fait que des admis au concours d’entrée dans cette prestigieuse institution de formation des diplomates et autres avaient vu leurs noms purement et simplement rayé des listes (lesquelles comportait des noms de fils à papa), jusqu’à la prompte intervention du chef de l’Etat –saisi du psychodrame national consécutif aux tripatouillages- ordonnant leur réhabilitation.

On s’était à peine remis du scandale de l’Iric que le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de l’enseignement technique (Enset) de Kumba nous replongeait dans les mêmes travers. Des noms d’admis définitifs qui n’avaient même pas eu l’élégance d’être admissibles (dans les filières où ils ont été déclarés admis), figuraient sur les listes. La force des habitudes. En ces circonstances, le discours officiel s’est voulu cohérent, rassurant et conciliant. Quand on n’appelait pas l’équilibre régional au secours, ce sont des collaborateurs qu’on jetait en pâture. Il faut bien quelqu’un pour payer la note. Affichant ainsi au grand jour les insuffisances d’une administration de « professionnels ».

Prestige

Le patronyme est dans ces cas, un mot qui compte, et comme aimait bien le rappeler un enseignant de lycée à ses élèves dans les années 90, « votre nom est le premier mot important de votre vocabulaire ». Il ne pensait pas si bien le dire. Le nom est un mot qui compte dans les concours administratifs et professionnels au Cameroun. Les listes à problème de l’Iric ne le démentiront pas. La volonté de succession et de reproduction de l’élite dirigeante dans les positions de pouvoir semblent avoir trouvé ici son nid.

Sans contester le fait qu’un « fils à papa » ne saurait être exclu de l’accès à une école au nom de son ascendance ou extraction et que chaque parent a le droit de vouloir du bien à sa progéniture. Les Saintes écritures chrétiennes le recommandent et il serait naïf de croire que ceux qui décident et donnent des places iront chercher au-delà de leur environnement nucléaire, des candidats à pistonner, au lieu de mettre les leurs. Ils sont d’ailleurs nombreux aujourd’hui, ceux qui font revenir leurs enfants de l’étranger pour les « positionner » dans ces écoles de prestige.

Il est arrivé qu’à l’Enam ou l’Emia, les enfants d’un même parent se retrouvent au nombre de deux ou trois sur les listes définitives d’admis. L’intelligence a choisi son camp. Et à chaque interpellation et contestation, les assurances des chefs de ces institutions et l’usure du temps se sont chargés de calmer les frustrés et déçus.

La Constitution du Cameroun garantit pourtant l’égalité de chances à tous les citoyens. Les lois régissant les admissions dans les concours administratifs et professionnels sont, elles aussi, claires. Une chose reste à faire : l’application stricte des normes que le Cameroun s’est librement fixées.

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