Politique. Un universitaire alerte : Le long règne de Biya au Cameroun révèle des problèmes plus profonds du leadership africain

cameroun24.net Mardi le 12 Aout 2025 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La récente annonce du président camerounais Paul Biya, âgé de 92 ans, de briguer un nouveau mandat a relancé les débats sur la longévité au pouvoir en Afrique. Biya, qui dirige le Cameroun depuis 43 ans, approcherait les 100 ans s’il terminait un autre mandat, devenant ainsi l’un des dirigeants les plus âgés et les plus anciens en poste sur le continent.

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Un problème de gouvernance plus large

Thabang Motswaledi, universitaire à la North-West University (NWU) et membre de l’École des études gouvernementales, estime que cette décision reflète une problématique plus profonde en Afrique.

"Certains des défis du développement de l’Afrique résident dans la réticence des dirigeants à quitter le pouvoir, même lorsque leur mandat est depuis longtemps expiré",
explique Thabang. "Le fléau du leadership africain s’enracine dans l’idéologie négative de la longévité au pouvoir, souvent qualifiée de dictature ou d’autocratie dans certains États."

Il souligne que les chercheurs africains ont longtemps mis en garde contre les dangers du maintien prolongé au pouvoir, mais ces avertissements ont souvent été ignorés. Parmi les exemples cités figurent Robert Mugabe (Zimbabwe), Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale), Denis Sassou Nguesso (République du Congo), Yoweri Museveni (Ouganda) et Paul Biya lui-même.

"Le caractère de ces gouvernements est marqué par le sous-développement, la dictature, la domination des élites et la corruption"
, ajoute-t-il.

La menace des coups d’État et de l’instabilité

L’universitaire pointe également la recrudescence des prises de pouvoir militaires, notamment en Afrique de l’Ouest, comme une réaction à cette tendance.

"Au fil des ans, cela a conduit à la formation d’une ‘ceinture des coups d’État’ dans la partie occidentale de l’Afrique. Le Cameroun, qui se trouve dans cette région, pourrait être le prochain sur la liste si les frustrations politiques s’aggravent",
prévient-il.

Selon Thabang, le leadership de Biya n’a pas engendré de développement tangible pour le Cameroun. "Les années de présidence de Biya n’ont pas apporté de croissance. Son retour au pouvoir pourrait conduire le pays à subir le même sort que ses voisins, comme le Mali et le Burkina Faso, où le mécontentement envers les dirigeants a déclenché des coups d’État."

Un risque de régression pour l’Afrique

La préoccupation majeure, selon lui, est que l’Afrique risque de régresser davantage si cette tendance persiste. "Ce type de leadership ne favorise pas le développement de l’Afrique. Il affaiblit les institutions démocratiques et aliène la population."

L’annonce de Biya a suscité de nouvelles inquiétudes parmi les observateurs politiques et les citoyens, beaucoup se demandant si un nouveau mandat sous sa direction apportera du changement ou approfondira la stagnation politique du pays.
 


North-West University (NWU)
Academic warns that Biya’s long rule in Cameroon signals deeper problems for African leadership

Academic warns that Biya’s long rule in Cameroon signals deeper problems for African leadership
The recent announcement by Cameroon’s 92-year-old President, Paul Biya, that he will seek re-election has reignited debates around prolonged leadership in Africa. Biya, who has been in office for 43 years, would be nearing 100 should he complete another term, making him one of the oldest and longest-serving leaders on the continent.

North-West University (NWU) academic Thabang Motswaledi from the School of Government Studies says Biya’s announcement reflects a larger governance issue in Africa.

“Some of the challenges in Africa’s development have been leaders’ reluctance to step down from office even when their term has long expired,” says Thabang. “The bane of African leadership has since been rooted in the negative ideology of prolonged leadership, thus labelled as dictatorship or autocracy in some states.”

He explains that African scholars have long cautioned against the dangers of overstaying in office, but these warnings have often been ignored. He highlights leaders such as the late Robert Mugabe of Zimbabwe, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo of Equatorial Guinea, Denis Sassou Nguesso of the Republic of Congo, Yoweri Museveni of Uganda and Paul Biya of Cameroon as examples of entrenched leadership styles that stifle development.

“The character of these governments is embedded with underdevelopment, dictatorship, elite rule and corruption,” he notes.

He further points to a growing wave of military takeovers, particularly in West Africa, as a reaction to this pattern. “Over the years, this has led to the formation of the coup belt in the western part of Africa. Cameroon, which is also in the western region, could find itself next in line should political frustrations increase,” he says.

According to Thabang, Biya’s leadership has not translated into tangible development for Cameroon. “The presidential years of Biya in Cameroon have not yielded any growth. His return to office may lead the country to suffer the same fate as its neighbours, such as Mali and Burkina Faso, where discontent with leadership triggered coups.”

The broader concern, he adds, is that Africa risks regressing further if the trend of prolonged leadership continues. “This form of leadership is not deliberate about the development of Africa. It undermines democratic institutions and alienates the citizenry.”

Biya’s announcement has sparked renewed concern among political observers and citizens alike, with many questioning whether another term under his leadership will bring change or deepen the country’s political stagnation.


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Thabang Motswaledi

 

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