Cameroun - France. Edito, Yaoundé-Paris : show devant

cameroun24.net Lundi le 28 Octobre 2019 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Parlant de la relation France-Cameroun, un ancien ambassadeur français en poste à Yaoundé marquait ainsi son caractère historique et particulier : « La France et le Cameroun sont de vieux partenaires. C’est comme dans un régime polygamique. Ce n’est pas parce qu’il y a une nouvelle épouse qu’on oublie la première. La nouvelle épouse a beau être séduisante ou attirante, mais la première tient sa place, toute sa place » lit-on dans un éditorial de Georges Alain Boyomo, DP du quotidien Mutations.

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Les derniers développements de l’actualité confirment, dans une large mesure, que la France garde une influence certaine sur le Cameroun, en dépit de la diversification des partenariats et des ambitions exprimées et assumées par des pays tels que la Chine, la Russie, la Turquie ou l’Inde. Le Cameroun a beau ne pas être « la chasse gardée de personne », mais la réalité prend souvent le pas sur les déclarations enflammées devant micros et cameras. N’en déplaise aux souverainistes.

L’agenda présidentiel prévoyait un déplacement du chef de l’Etat à Sotchi la semaine dernière où se tenait le sommet Russie-Afrique. En l’espace de quelques jours, tout a été chamboulé. Le 10 octobre, le président de la République se rend à Lyon pour participer à la 6e conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. En marge de ce raout, il s’entretient en audience avec son homologue français, Emmanuel Macron.

Ce tête-à-tête, qui tombe comme carême en mars pour Paul Biya, intervient après deux actes présidentiels qui n’ont pas déplu à l’Elysée. Paris n’a pas cessé de manœuvrer pour les obtenir de Yaoundé. Il s’agit de la libération de Maurice Kamto et compagnie, mais surtout de l’organisation du grand dialogue national (Gdn). Pas surprenant qu’au terme de l’audience de 45 minutes, Paul Biya déclare, dans une extraordinaire décontraction, enjambant crânement les précautions langagières administratives et diplomatiques, qu’il est venu à Lyon « rendre compte » du Gdn à son pair français.

Depuis Lyon, les réseaux Macron ont joué des coudes pour décourager la présence de Paul Biya au sommet organisé par le redouté et redoutable Vladimir Poutine. L’arrivée du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le jour même de l’ouverture du conclave de Sotchi, ne serait pas étrangère à la haute voltige française. L’objectif était clair : réchauffer la relation France-Cameroun et couper l’herbe sous les pieds de la Russie dont les appétits, particulièrement en Afrique centrale, vont grandissant.

D’une pierre, la France a donc fait deux coups. « La France et le Cameroun sont dans une phase de relance de leur coopération, une relation historique et très forte qui va trouver une nouvelle dynamique », va pavoiser Jean-Yves Le Drian.

Qu’on se le tienne pour dit. Paul Biya sait ce qu’il doit à la France dans sa trajectoire personnelle dont le clou est l’accession à la magistrature suprême, le 6 novembre 1982. En dépit de l’ouverture salutaire du Cameroun, sous sa férule, à d’autres partenariats, il sait la capacité de nuisance de la France. Il sait qu’une rupture brutale du cordon ombilical avec l’Hexagone peut être lourde de conséquences pour son pouvoir trentenaire. Ce serait une émancipation inconsidérée.

Paul Biya sait le rôle de la diplomatie française aux côtés de celle du Cameroun, au sein de l’Union européenne et des Nations Unies, par ces temps de fronde sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et de batailles pour l’alternance, au moment où certaines puissances se la jouent tiède, pour employer un mot gentil. Paris sait également ce qu’il a gagné du Cameroun, au plan géostratégique dans le golfe de Guinée.

Entre Yaoundé et Paris, ce n’est donc pas du gagnant-gagnant. Ce n’est non plus du gagnant-perdant. Plutôt, chaque partie joue la gagne, au gré des intérêts et des saisons.

Georges Alain Boyomo

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