Afrique. Sommets: la diplomatie d’absence chez Paul Biya

La Nouvelle Expression Lundi le 03 Février 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Même s’il s’est fait représenter par le ministre des Relations extérieures, le président de la République est bel et bien absent une fois de plus à un sommet de l’Union africaine (Ua).

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 Le président Paul Biya n’est pas parti à Addis-Abeba, en Ethiopie où se déroule depuis hier le 22 ème sommet de l’Union africaine(Ua). Comme lors de plusieurs sommets, il s’est fait représenter par le ministre des Relations extérieures. Un peu comme il se fait souvent représenter aux sommets de la Communauté économique d’Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) par le Premier ministre chef du gouvernement Philémon Yang. Alors que des chefs d’Etat de pays africains dont la Gambie et la Zambie n’hésitent pas à s’arrêter à Douala, en transit, lors de leurs déplacements pour Addis-Abeba, le Chef de l’Etat camerounais ne sent pas obligé de se rendre au siège de l’Ua. Peut-être n’y trouve-t-il aucune utilité ou est-ce parce qu’un tel sommet n’a pas à ses yeux la même importance que le sommet France-Afrique sur la paix et la sécurité auquel il part en décembre 2013 à Paris, en France ?

Perte de la considération et du respect

Son illustre prédécesseur avait pourtant inauguré et mis un point d’honneur à concrétiser au Cameroun ce que tous les diplomates formés ou non à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (Iric) connaissent par cœur: une diplomatie de présence, de participation et de rayonnement. Ce n’était pas de vains mots, ni de simples slogans. Le président Ahmadou Ahidjo était généralement présent aux grands rendez-vous planétaires, continentaux, régionaux et sous-régionaux. Il s’efforçait d’être personnellement présent aux différents sommets de l ’Organisation de l’unité africaine (Oua), devenue plus tard Union africaine (Ua). Il rendait visite à ses homologues des pays africains. Yaoundé était une des capitales de la diplomatie africaine.

Paul Biya semble plutôt se distinguer par une diplomatie d’absence de sa personne et de présence de son représentant. Comme si son représentant, bien que plénipotentiaire, pouvait valablement, efficacement et légitimement poser les mêmes actes que lui, au nom du Cameroun et infléchir les positions ou décisions d’autres chef d’Etat de pays souverains ! L’absence physique de Paul Biya aux sommets de l’Ua, de la Ceeac et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a des conséquences sur la perception et sur l’impact de la diplomatie africaine du Cameroun. Devenu président en exercice de l’Oua à la faveur du sommet de l’Oua organisé à Yaoundé du 8 au 10 juillet 1996, Paul Biya n’avait pas fait le déplacement de Harare au Zimbabwe pour passer le témoin l’année d’après à son homologue Robert Mugabe.

Perte du leadership dans la sous-région

Cela avait laissé un goût amer dans les milieux diplomatiques africains. La considération et le respect dont jouissait le Cameroun auprès des pays africains, en commençant par ses proches voisins de l’Afrique centrale, n’est plus la même. L’image du pays a pris un coup. L’absentéisme de Biya aux sommets de l’Ua a été préjudiciable à des Camerounais qui visaient des postes dans des institutions internationales. L’Union africaine (Ua) a fréquemment soutenu des candidatures venant des pays dont les présidents étaient réguliers aux sommets. Par ailleurs, le Cameroun a perdu son leadership dans la sous-région. A travers des décisions politiques fortes et des actes concrets d’une part concernant un ou plusieurs Etats membres ou et d’autre part le contrôle des secrétariats exécutifs de la Ceeac et de la Cemac, le Tchad et le Congo Brazzaville se partagent le leadership politique de la sous-région.
En forçant l’application des réformes à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et en obtenant de haute lutte le gouvernorat de la Beac, le pays de Teodoro Obiang Nguema Mbazogo s’est pratiquement approprié le leadership économique et financier de la sous- région. Que reste-t-il au Cameroun qui aspire à l’émergence en 2035 en étant encore pays pauvre très endetté en 2013 ? Quelle émergence avec le diagnostic froid de l’échec cuisant du gouvernement effectué par Paul Biya lui-même dans son message à nation du 31 décembre 2013 ? Où en est le Cameroun dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (Omd) dont l’horizon est de 2015 ? Que signifie « Le Cameroun, c’est le Cameroun » (dixit Paul Biya), lorsque des Camerounais sont maltraités à leurs frontières ou à l’intérieur de la Guinée équatoriale ?

Insécurité des Camerounais en Guinée Equatoriale

Des Camerounaises et des Camerounais de tous les âges sont régulièrement humiliés, brutalisés, agressés, violés, dépouillés de leurs biens et même assassinés par les forces de sécurité équato-guinéennes - sous le regard parfois passif si ce n'est complice des autorités camerounaises -. Sur la base des clichés plus ou moins vraisemblables façonnés par Malabo sur nos compatriotes, les Camerounais ne sont plus les bienvenus en Guinée équatoriale. Les Camerounais qui ont été en Guinée équatoriale ou qui y vont souvent pour des raisons économiques ou pour d’autres raisons ne se sentent pas protégés par leurs gouvernants. Voilà quelques faits qui donnent une idée de la valeur de l’absence du président Paul Biya aux sommets de l’Ua et des institutions sous régionales.
 

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