Cameroun - Politique. Cameroun - 30 novembre 1989: Les dernières minutes du Président Ahidjo

René Atangana | La Météo Lundi le 02 Décembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Jeudi 30 novembre 1989, Ahmadou Ahidjo passe une journée ordinaire dans sa maison située sur la corniche de Dakar, le long de l'océan Atlantique.

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Jeudi 30 novembre 1989, Ahmadou Ahidjo passe une journée ordinaire dans sa maison située sur la corniche de Dakar, le long de l'océan Atlantique. Sa femme, Germaine, et Adam Maté, ancien étudiant en médecine et ami de la famille, sont à ses côtés. Ils veillent sur l'ancien Président du Cameroun qui, depuis janvier, à la suite d'une chute dans sa salle de bains, souffre d'une paralysie partielle des membres inférieurs et ne peut plus se déplacer seul. L'ambiance est plutôt morne. À 15 heures,un repas lui est servi. Il s'allonge en attendant qu’Adam Maté vienne lui prodiguer ses soins. Sa femme lui demande s'il souhaite qu'on lui redresse le lit. Ahidjo ne répondra jamais: il vient d'être foudroyé par une crise cardiaque. Il est 17 h 30. Quelques heures plus tard, à Yaoundé, un communiqué laconique annonce le décès de l'ancien Chef de l'État sur les ondes du poste nationale.

Dans un entretien accordé à La Météo le 05 mai 2010 à Dakar, la veuve de l'ancien Président nous confiait que tout de suite après le décès de son époux, elle avait attendu durant trois jours, scrutant le ciel, attendant un geste de Yaoundé, mais en vain. De guerre lasse, Germaine Habiba Ahidjo entreprendra d'enterrer son défunt mari. Elle, précise que le jour de l'enterrement, tout le corps diplomatique accrédité au Sénégal était présent à la mosquée. Sauf l'ambassadeur du Cameroun. Même le cardinal de Dakar était là. Et lorsque le cortège funèbre est passé devant l'ambassade, c'était le seul chemin qu'on pouvait emprunter, le drapeau du Cameroun n'avait pas baissé d'un seul centimètre. Il n'était pas en berne. Et ça, tout le monde l'a remarqué. C'était choquant pour certains. Le doyen du corps diplomatique de l'époque, l'Ambassadeur de Côte d'Ivoire, qui était également le représentant officiel de Houphouët-Boigny aux obsèques, a cherché à rencontrer son homologue camerounais pour comprendre la situation. Mais en vain, l'ambassadeur ne le prenait même plus au téléphone.

Imbroglio. Depuis cette période, tout se passe comme si un mur de fer s'était dressé entre les autorités de Yaoundé et la famille de Ahidjo, au sujet des restes de l'ancien Président, qui reposent depuis toujours au cimetière musulman de Yoff à Dakar. Les uns et les autres se rejettent la responsabilité de cet enlisement. Dans le Talk show de Ulysse Gosset sur France 24 en 2007, Paul Biya affirmait: «Le problème du rapatriement de la dépouille de l'ancien Président est, selon moi, un problème d'ordre familial ... Si la famille de mon prédécesseur décide de faire rapatrier les restes du Président Ahidjo, c'est une décision qui ne dépend que d'eux. Je n'ai pas d'objection ni d'observation à faire». Une position que la famille Ahidjo ne partage pas.

Dans une interview accordée au quotidien Le Jour, Mohamadou Ahidjo, fils aîné de l'ancien Chef de l'État indiquait: «Il y a un préalable. Il a été réhabilité. Comme ancien Chef de l'Etat, il doit rentrer dans ses droits. Je crois savoir qu'en la matière, il y a des textes qui régissent les droits des anciens chefs d'Etat. Je demande simplement une pure application de ces textes. Dire que cette affaire relève de sa famille, ce serait aller très vite en besogne. C'est bien le gouvernement qui doit prendre cette initiative, et nous sommes disposé à collaborer». Germaine Ahidjo quand elle nous expliquait en 2010, qu'il fallait réconcilier tous les fils et filles du Cameroun avec leur passé. Cette réconciliation ne peut se réaliser sans la réhabilitation officielle de son Premier Président, décédé et enterré il y a 20 ans loin de sa terre natale, et le retour de ses restes au pays dans l'honneur et la dignité. C'est un patrimoine national. Il est temps de refermer cette douloureuse page qui a divisé et fait souffrir tant de Camerounais, et Ahidjo en premier. 

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