Cameroun - Corruption. Affaire Franck Biya: La presse dénonce, l’assemblée s’agite, la justice se tait…

Edouard KINGUE | Le Messager Lundi le 07 Janvier 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Colonel Etonde Ekoto, ancien délégué du gouvernement et ses collaborateurs ont été jetés en prison sur simple dénonciation par voie de presse évoquant des prétendues détournements de fonds à la Communauté urbaine de Douala. Ils viennent d’être reconnus non-coupables des faits injustement mis à leur cause, après une rude et couteuse bataille judiciaire. Franck Biya vient d’être mis gravement en cause par voie de presse dans l’affaire des titres Camtel. Deux poids deux mesures ? Qu'attend le procureur du Tcs pour ouvrir une enquête ou une information judiciaire au sujet de ce scandale ? L’épervier a t-il perdu ses serres ?

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100 milliards pour tuer l’épervier. Coté western, cela pourrait être un film de série ‘b’. Aujourd’hui pourtant ce n’est pas de la fiction. Franck Biya, le très discret fils du chef de l’Etat camerounais est accusé d’avoir croqué les titres Camtel dans un tour de passe-passe dont les Camerounais ont le secret. Du coup, le scandale est au cœur de la République, au centre même de cet Etat voyou, où toutes les prévarications sont monnaie courante, des initiés alignent les coups fumants comme Maradona aligne les buts.

Au-delà de ce fait divers sommes toutes banal au kamer, c’est la réaction des uns et des autres qui est intéressante à plus d’un titre. Ceux qui ont révélé cette affaire sous le couvert d’une association inconnue au bataillon devaient être très documentés. Il n’est pas interdit de penser que d’autres ‘biscuits’ sont en réserve et que ceux qui poussent des cris de vierges effarouchées seront bien servi dans les prochaines semaines, selon nos informations. On peut même penser que Marafa a été le bouton nucléaire qui ira en déclenchant des explosifs désormais placés aux endroits stratégiques de la République.

Apres Meva’a M’eboutou et Issa Tchiroma sur qui la religion est déjà faite sur leur degré de moralité, voici Franck Biya dans l’œil du cyclone. Et comme d’habitude, des écrivassiers se sont pliés en deux pour défendre sans arguments la probité du fils du chef de l’Etat dévoilé comme brillant par Fame Ndongo, que l’on présente comme journaliste-poète, et qui occupe la fonction de ministre de l’enseignement supérieur. Mais la poésie de l’intellectuel organique du pouvoir sonne faux. Sa lamentable versification fait désordre dans une affaire aussi grave où un individu, bénéficiant d’une immunité présidentielle par consanguinité, serait bien inspiré de laver son honneur, si ce vocable a encore de la valeur dans ce pays.

Dans cette affaire, le quatrième pouvoir a fait son boulot, en révélant à l’opinion publique le jeu trouble de requins de luxe en eau profonde, la presse s’est placée résolument à l’avant-garde du changement tant espéré et aujourd’hui plus que jamais redouté. Le premier pouvoir a poussé des cris d’orfraie, en criant au viol. En effet si l’exécutif se tait, les réactions viennent surtout des clercs de seconde zone qui n’ont pas d’arguments à faire valoir dans la défense de Franck et se la joue à l’instrumental. Il est urgent d’attendre la réaction du 3è pouvoir. Pour l’instant, la justice, tétanisée par un carriérisme désuet, fait l’autruche, attendant que les autres fassent le sale boulot. Pourtant, pour moins que cela, des justiciables ont été embastillés et vécu de longues années en prison avant d’être reconnus non coupable.

Que fait la justice ? Le nouveau code de procédure pénale dispose que l’action publique peut être mise en mouvement sur simple dénonciation par voie de presse. Le procureur peut dès lors ouvrir une information à toutes fins utiles en vertu des dispositions pertinentes du Code de procédure pénale. Il peut donc s'auto saisir sur simple dénonciation. Du reste, un cas d’école est toujours en mémoire pour nos lecteurs qui se souviennent que c’est un article de presse qui a déclenché l’affaire Etonde Ekoto/Cud finances il y a un peu plus de cinq ans. L’ancien Délégué du gouvernement et ses collaborateurs ont ainsi été jetés en prison cinq longues années durant, pour des prétendues détournements de fonds à la communauté urbaine de Douala. Il s’agit de Mbassa Lamine, directeur financier de la Cud, Jean Jem, receveur municipal, Jacques Mayinga, prestataire de service à la Cud. Ils ont été récemment reconnus non-coupables des faits injustement mis à leur cause, après une rude et couteuse bataille judiciaire.

La loi portant fonctionnement du Tribunal criminel spécial (Tcs) indique sans ambiguïté qu'en cas de dénonciation, le procureur du Tribunal criminel spécial peut se saisir d'office. Dans l’affaire Franck, la dénonciation par voie de presse a été faite depuis le lundi 12 novembre dernier. « Qu'attend le procureur du Tcs pour ouvrir une enquête ou une information judiciaire au sujet de ce scandale des titres Camtel qui, si rien n'est fait, jettera un discrédit total et irréversible sur la sincérité de l'opération Épervier et sur les proclamations de bonne gouvernante édictées à longueur de discours officiels» ? S’est exclamé un député récemment. Dans l’affaire Franck Biya, la balle est donc dans le camp du 3è pouvoir …

 

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