Cameroun - Energie. Cameroun: 300 milliards de pertes dues aux fraudes dans l’exploitation minière tous les ans

Cameroon-Tribune Mardi le 13 Novembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’est l'avis d'experts du domaine qui se sont récemment penchés sur le sujet.

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Les mines, tout comme le tourisme, sont deux secteurs dans lesquels la richesse et le potentiel naturels du Cameroun sont avérés. Pourtant, ils représentent des poids plume dans l’économie nationale. En effet, le secteur des mines -dont les recherches n’ont couvert que 40% du territoire national- contribue à moins de 1% au produit intérieur brut (Pib) du pays. C’est que l’exploitation minière, pendant longtemps, s’est déroulée dans des circuits informels. En effet, en ce qui concerne la mine solide, une intense activité d’exploitation d’or se fait dans les régions de l’Est, du Sud, de l’Adamaoua et du Nord à travers l’artisanat minier. Des chiffres fournis par le Cadre d’appui et de promotion de l’artisanat minier (Capam) font état d’une production d’or mensuelle canalisée de 200 kg, dont plus de 95% dans les circuits clandestins des trafiquants. Et de l’avis des experts, les pertes occasionnées par cette exploitation frauduleuse se chiffrent à 300 milliards de F par an. Toujours d’après le Capam, la contribution significative de la mine solide au budget de l’Etat (plus de 5 milliards de F) est attendue dans la période transitoire de six mois allant du 15 octobre 2012 au 15 avril 2013.

A l’image de la récente descente du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) Emmanuel Bonde, dans la région de l’Est qui s’est conclue par l’annulation des contrats de sous-traitance, plusieurs autres actions sont en cours pour remettre de l’ordre dans l’exploitation minière. C’est dans ce sens que la réhabilitation du contrat harmonisé de partage de production est intervenue. D’après ce contrat, les gains pour le partenaire technico-financier sont évalués à plus de 72 millions de F par mois et l’Etat du Cameroun, autre partie prenante, en tirerait un peu plus de 990 millions de F par mois.

Objectif : tirer le maximum de bénéfices des quantités extraites, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il est attendu du projet d’exploitation de fer de Mbalam dans la région de l’Est, près de 2 000 milliards de F, en plus des retombées certaines sur les recettes fiscales, douanières et l’amélioration de la balance commerciale. Pour une production annuelle de 35 millions de tonnes de fer sur 10 ans. Mais, en attendant la convention minière qui déclenchera les travaux d’exploitation proprement dits, tout n’est que prévision. Il en sera de même pour le projet d’exploitation du diamant de Mobilong, du gisement de cobalt et de nickel de Nkamouna, les perspectives d’exploitation du rutile dans le Nyong et Mfoumou à Akonolinga, la cassitérite pour la production de l’éther à Mayo Darlé et le saphir dans la zone de Tignère.



Emmanuel Bonde: «Il était impératif de renforcer le contrôle»

Les explications du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique.


Monsieur le ministre, quel état des lieux pouvez-vous dresser sur l’exploitation minière au Cameroun aujourd’hui précisément en ce qui concerne l’or, le diamant et le mercure ?

Le sous-sol du Cameroun, de par la diversité de ses formations géologiques, regorge d’importantes et intéressantes minéralisations qui font l’objet des activités de reconnaissance, de recherche et d’exploitation. A ce sujet, on distingue des métaux de base notamment le fer, l’aluminium, le manganèse, le cuivre… les pierres précieuses comme le diamant, le saphir, etc. Et des métaux précieux à l’instar de l’or ou le platine. A ce jour, l’exploitation de ces différents minerais se fait sous la forme artisanale ou industrielle.

L’exploitation artisanale des substances minérales constitue le type d’exploitation le plus courant en ce qui concerne les minerais d’or et de diamant. Cette activité est exercée par des artisans ou paysans pour sa forme purement artisanale, sans mécanisation, ou en collaboration avec des partenaires technico-financiers. Cette dernière forme intègre plus de mécanisation à travers l’utilisation d’engins d’extraction et de traitement divers et constitue de véritables exploitations de petites mines. Dans ce dernier cas, 15 sociétés minières opèrent effectivement et sept sont en cours d’installation, soit un total de 22 structures.

Permettez-moi de vous donner quelques statistiques par activité pour ce qui est de cette année. S’agissant de l’exploitation artisanale, nous avons octroyé 1248 autorisations pour 314 exploitants. Les bureaux de commercialisation de ces substances minérales sont au nombre de 60. 15 unités de fusion ont été autorisées à exercer leurs activités. Notre pays a jusqu'à présent enregistré 169 permis de recherche, pour cinq permis d’exploitation concernant notamment le marbre dans la région du Nord, le calcaire à Figuil, le Cobalt-Nickel de Lomié, le diamant et les substances connexes à Mobilong dans la région de l’Est. Enfin, 45 permis d’exploitation des carrières sont répartis sur toute l’étendue du territoire.


Il y a quelques jours, vous avez annulé tous les contrats de sous-traitance dans la région de l’Est où ces activités sont plus implantées. Pourquoi ?

Il faut tout d’abord signaler que l’Etat est le propriétaire de la ressource. Il fonde ses ambitions de développement sur l’exploitation et la bonne gestion de ces ressources naturelles. Face à la situation de désordre constaté, il était impératif de prendre des mesures pour renforcer le contrôle de l’exploitation desdites ressources minières. L’annulation de tous les contrats de sous-traitance a donc pour objectif de mettre de l’ordre dans le secteur de la mine artisanale, de garantir la transparence et le développement durable de ce secteur. Pour cela, chaque opérateur doit se conformer au statut que lui confère la loi, respecter les clauses du cahier de charges et les normes environnementales de l’exploitation minière en général et particulièrement artisanale et de la petite mine. En somme, c’est une mesure qui favorise la participation effective des recettes minières au développement économique de notre pays.


Cette mesure suffira-t-elle à remettre de l’ordre dans ce secteur infesté de trafiquants de toutes sortes ?

Cette mesure n’est que la première parmi tant d’autres. Nous allons poursuivre dans cette lancée en renforçant la traçabilité des produits issus de l’exploitation par l’institution du contrôle au niveau des sites afin de pouvoir déterminer les quantités de minerais extraites et leur destination. Notre action sur le terrain va prendre de l’ampleur avec l’entrée en jeu des brigades minières récemment créées par décret présidentiel. Nous allons également procéder à l’élaboration d’un fichier de tous les opérateurs miniers ou chaque artisan ou exploitant minier sera immatriculé et doté d’une carte de prospecteur. Enfin, nous allons nous inspirer du Processus de Kimberley pour l’extension d’une meilleure traçabilité à d’autres minerais (or, saphir) comme nous le faisons déjà avec le diamant. Ceci pourrait aussi aboutir à la mise en œuvre d’un processus de certification des substances susmentionnées.


A la même occasion, vous avez annoncé la création prochaine d’une société de gestion des mines solides. Dans quels délais sera-t-elle mise en place ?

La très haute hiérarchie nous a instruit de soumettre à son approbation, dans les meilleurs délais, la structuration de ladite société. Une société dont les principales missions seront la gestion des intérêts de l’Etat et la pérennisation des activités minières pour un développement durable. En ce moment, nous sommes en train de finaliser ce dossier d’importance, le reste ne dépendra plus de notre compétence.


Pourra-t-elle réparer tous les dégâts déjà causés ?

Les missions de cette société sont spécifiques et vont dans le sens de faire du secteur minier un pilier important de l’économie camerounaise. Il s’agit donc globalement de mettre en œuvre un système permettant à l’Etat de maximiser ses intérêts dans l’exploitation des mines. Cette société contribuera à mettre sur pied des mécanismes permettant la maîtrise appropriée des processus d’exploration, d’exploitation, de traitement, de valorisation et de commercialisation desdits minerais. En outre, elle devra aussi procéder à l’actualisation de la cartographie minière, en vue d’une évaluation rigoureuse du potentiel minier existant et de la prospection de nouvelles ressources. Toutes choses qui visent à faire de ce secteur un précieux levier pour la relance économique, véritable axe fondateur de la politique de lutte contre la pauvreté.


En attendant, l’exploitation actuelle est-elle mieux canalisée ?

L’exploitation actuelle, comme il a été soulevé plus haut, a connu beaucoup de soubresauts. Les mesures citées vont favoriser une meilleure visibilité du secteur afin d’accroître son taux de participation au PIB. Il est donc impératif que chacun se conforme au statut qui lui est attribué par la loi pour plus de transparence. L’Etat qui est le garant des intérêts de ses citoyens, jouera pleinement son rôle et usera de tous les moyens nécessaires pour empêcher non seulement l’exploitation abusive de ses ressources, mais également s’assurer que celles-ci profitent effectivement aux populations.


Quel rôle jouera finalement le CAPAM dans ce processus ?

Le CAPAM qui est le bras séculier de l’Etat sur le terrain pour ce qui est de l’artisanat minier, poursuivra ses missions d’encadrement des artisans miniers, de sensibilisation, de cartographie des sites d’exploitation artisanale, pour une meilleure gouvernance du sous-secteur de l’artisanat minier.


Que gagnerait le Cameroun à mieux organiser l’exploitation de ses minerais ?

Toutes les actions entreprises convergent vers un même objectif, celui de faire en sorte que nos ressources minières contribuent effectivement à la croissance économique et à l’amélioration des conditions de vie des Camerounais. La loi portant code minier, dans son article premier, vise à favoriser et encourager la recherche et l’exploitation des ressources minérales nécessaires au développement économique et social du pays ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté. Concernant les populations riveraines directement affectées par l’activité minière, celles-ci bénéficient des retombées diverses garanties par la réglementation minière. L’adhésion du Cameroun au Processus de Kimberley et l’application de ce Processus à d’autres minerais (or, gemmes, etc.) procurera de multiples gains notamment : l’amélioration du classement du Cameroun dans le Doing Business et dans le classement de Transparency International, l’augmentation des recettes fiscales au niveau du trésor public, l’amélioration du suivi de la traçabilité des diamants des mines au point d’exportation, la création d’un commerce de diamant plus transparent et mieux cerné, la vente au meilleur prix des diamants bruts du Cameroun, la vente hors du Processus de Kimberley étant dévalorisant.


Emmanuel Bonde: «Faire que nos ressources minières contribuent à la croissance.»

Le potentiel minier du Cameroun

Diamant: 17 cibles dont 07 objet d’une exploitation artisanale à Ketté (frontière avec la RCA). 07 autres indices dans la série du Dja parmi lesquels un gisement à Mobilong.

Or: Au moins 140 cibles décelées, essentiellement dans les séries de Yokadouma, du Lom, du Mbéré, et dans le sillon de Mayo Rey.

Fer: Environ 25 cibles et gisements décelés parmi lesquels le gisement des Mamelles de Kribi avec 330 millions de tonnes à 30% de fer, le gisement de Mbalam au Sud de Ngoïla avec 220 millions de tonnes à 60% de fer, les petits gisements de Nkom-Akak, Mewongo, Nkout, Ngoua à l’Est du pays.

Nickel: 27 indices décelés à Masséa, Yokadouma, Mintam, Rainy.

Cobalt: 06 indices et gisements dénombrés à Lomié (Kongo, Mang, Masséa, Kondong) sur 240 km2. 02 autres indices relevés à Ngoïla et à Mbalam.

Manganèse: 12 indices connus en liaison avec les serpentinites, le grès conglomératique, la latérite, les paragneiss, les basaltes.

Bauxite: 06 indices et gisements mis en évidence parmi lesquels le gisement de Minim Martap avec 1,116 milliard de tonnes ; avec des réserves géologiques pouvant atteindre deux milliards de tonnes. Des gisements plus modestes tels ceux de Ngaoundal (avec une réserve de 120 millions de tonnes) et Fongo Tongo (46 millions de tonnes), Banguem (19 millions de tonnes) existent.

Uranium: une cinquantaine de cibles mises en évidence dans les séries du Dja, du Bas-Nyong, au Sud-Ouest Cameroun et dans la région de Poli.

Rutile : plus de 65 cibles mises en évidence. La majeure partie est associée au disthène et au grenat. Des études récentes donnent les réserves de 3 millions de tonnes pour la zone d’Akonolinga. Une évaluation de 500 000 tonnes d’ilménite estimée dans le sable de la côte maritime.

Calcaire : 06 petits gisements identifiés notamment à Figuil avec 600.000 tonnes de réserves qui fait l’objet d’une exploitation pour cimenterie.

Marbre : un gisement connu à Bidzar, avec des réserves de 2,5 millions de tonnes.

Argile : des quantités industrielles dans la zone de Yaoundé avec 7,7 Millions de tonnes de réserve dans la zone d’Etoug-Ebe. On décèle aussi un potentiel de 43.000 m3/ha aux environs d’Ongot.

Pouzzolane : Un gisement en exploitation à Djoungo (entre Douala et Nkongsamba) mais des travaux d’évaluation peuvent mettre en évidence des grands gisements dans les zones volcaniques du Sud-Ouest, de l’Ouest et du Nord-Ouest où l’activité strombolienne a été fréquente.

Source: Minmidt

Josiane TCHAKOUNTE et Jocelyne NDOUYOU-M
 

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