Affaire Marafa. Marafa prépare l'après-Biya

Rodrigue N. TONGUE | Le Messager Mardi le 15 Janvier 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’ancien secrétaire général de la Présidence de la République indique que de nombreuses personnalités dans le sérail se projettent déjà dans l’après-Biya qu’elles n’hésiteraient pa à «se débarrasser de lui» le cas échéant.

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Et si l’ancien secrétaire général de la Présidence de la République esquissait l’objet de ses prochaines productions épistolaires ainsi que son projet politique? Dans l’interview accordée au site internet Slate Afrique et publiée dans l’édition de Le Messager du 14 janvier 2013, Marafa Hamidou Yaya apparaît plus déterminé que jamais.

Alors qu’on le croyait affaibli par sa condamnation (25 ans de prison), l’ancien Minatd se montre sérein et continue d’entretenir son destin national. Conscient des dangers qu’il court depuis cinq ans, il rassure sur son état de santé et sur sa détermination à continuer le combat. A court terme, cela passe par la pousuite de la publication de ses lettres. Quid de Biya ? Marafa de toute évidence regarde l’après et affiche une certaine commisération pour le chef de l’Etat qui «n’a pas les mains libres» pour gouverner le pays. «Mon regard se porte vers l’avenir, et, dans cette perspective, je ne pense pas à lui. Ma seule crainte pour mon pays est que le chef de l’Etat ne soit poussé à prendre des décisions de plus en plus mauvaises pour le bien commun.» Des raisons d’indiquer plus loin que, même si le risque de guerre civile est «faible» au Cameroun, «certains pompiers pyromanes agitent le spectre d’une guerre ethnique, comme au Rwanda, tout en créant dans l’ombre une situation propice à une prise ou un maintien du pouvoir dans les mains d’une même clique.» La même source croit savoir que «un jour sûrement ils finiront par se débarrasser de lui», indique-t-il.

«Souhaitez-vous qu’il (Paul Biya, Ndlr) se démette de ses fonctions comme le président Ahidjo ?» A la question du journaliste Assane Diop, Marafa Hamidou Yaya évoque les mutations que le monde a connues depuis 1982 et indique que «Aujourd’hui, nous attendons avant tout qu’il mette en place les institutions politiques qui assureront une succession pacifique et démocratique lorsqu’il quittera le pouvoir» Or, insiste Marafa Hamidou Yaya, «rien n’est en place, ce qui expose notre pays à de multiples dangers.»

Batailles dans le sérail

En refusant d’inscrire sa détention dans le cadre d’une affaire «personnelle» entre son ancien patron et lui, Marafa Hamidou Yaya se focalise sur l’avenir et assume sa posture. L’évocation des batailles de positionnement entretenues dans le sérail au sujet de l’après-Biya vient conforter les «rumeurs» concernant les joutes auxquelles se livre l’entourage du président de la République. Marafa Hamidou Yaya ne s’exclut pas de ces bagarres.

Quoique conscient des scénarii susceptibles de «l’isoler» du jeu politique, l’ancien secrétaire général de la Présidence de la République marque sa détermination à vendre son projet politique et social. Un projet ancré dans «l’idée d’une société de confiance». Mais, en refusant de se concentrer sur sa défense et en adoptant, comme une attitude de défiance, face à un système dont il peut être considéré comme l’un des artisans, Marafa ne prend-il pas trop de risques ? «Seul importe l’avenir, et pour le construire, mon expérience peut utilement servir mon pays.», déclame l’ancien Sg/Pr. Continuerez-vous à publier vos lettres ? «Je ne crains rien. Même si les coups sont rudes, je continuerais à publier mes lettres.» L’ancien secrétaire général de la Présidence de la République affirme par ailleurs : «Les suivantes sont prêtes».

Joseph OLINGA




Communication politique. Une interview pour se remettre en selle

Habituée des célèbres lettres ouvertes de l’ex secrétaire général à la Présidence de la République incarcéré au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed), l’opinion a eu droit le week-end dernier à une interview de l’ex ministre accordée à un magasine panafricain. Le Messager propose d’aller au-delà du signifiant en analysant le signifié de cette nouvelle forme de communication choisie par Marafa.

On avait tout imaginé. On voyait Marafa envoyer un de ses missiles que constituent ses lettres ouvertes. Dans les chaumières, on attendait la sixième selon un classement fait par la presse indépendante. Sous les lambris dorés, on glosait même sur les thèmes énoncés dans la sixième lettre. Défaitistes, d’autres entrevoyaient même l’arrêt des hostilités chez le pensionnaire du Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed). Mais personne n’avait vu venir cette interview publiée dans Slate Afrique. Le fringant sexagénaire a donc opté pour le style direct, franc et chaleureux que lui offre l’interview journalistique. Il a également choisi méticuleusement le support médiatique devant servir à diffuser ce message : Slate Afrique, un fleuron de la presse africaine. De même que la plume devant l’entretenir. Celle d’Assane Diop dont la voix de stentor résonne encore dans la mémoire des auditeurs de Radio France internationale (Rfi) au cours des années 1990 et 2000. Le même dont les apparitions sur Tv5 Afrique ne laissent personne indifférent. Tant la silhouette de boxeur et la grosse monture de ses lunettes accompagnent la pertinence des analyses.

Nul ne sait si l’échange entre le journaliste et l’homme politique s’est fait à bâtons rompus (au téléphone ou dans les cellules du Sed) ou par écrit -ce qui paraît plus plausible-. Mais l’on sait que ses ingrédients ont été soigneusement sélectionnés. Et ce, à la lumière des relances, de la non-utilisation des « questions-bateaux ». Mais davantage des questions précises, toujours portées sur le projet politique de Marafa en s’appuyant sur la volonté de capitaliser une position de déchu du pouvoir, d’ancien dignitaire tombé en disgrâce à cause de son indépendance d’esprit et de sa liberté de ton dans un système gouvernant où de nombreux perroquets du Prince ont pour seul mérite, chanter ses louanges.

Animosité

Dans cette sixième sortie médiatique [si l’on ne compte pas la lettre adressée à la Conac], l’ex dignitaire qui a choisi de quitter le monologue que consacraient ses lettres ouvertes accepte de se prêter au jeu des questions-réponses. Suivant l’ordonnancement fixé par l’intervieweur, revient sur son procès, des menaces à sa vie, sa vie professionnelle pour déboucher sur son projet politique. On le savait « déçu, mais pas vaincu » après sa condamnation à 25 ans de prison le 22 septembre 2012. On sait depuis cette interview qu’il n’en veut pas aux juges qui « ont subi de grosses pressions ». Au point où ils n’ont trouvé que les faits « de complicité intellectuelle pour le condamner ».

Revenant sur ses rapports avec Biya, Marafa montre qu’il ne cultive pas d’animosité contre le chef de l’Etat. Mais qu’il est obligé de constater que le système dont ce dernier est garant est jalonné d’insuccès. Pour l’illustrer, il taxe les grandes réalisations de « grandes illusions ». Une sorte de réponse à ce président qui estimait le 31 décembre 2012 que ses contradicteurs qui ne voient pas d’avancée sur le plan économique sont atteints de myopie politique. « Soyons sérieux un moment. Qui peut croire à la construction d’une nouvelle raffinerie à Kribi, ou à la construction d’une voiture « made in Cameroon » en 2013 ». Réponse d’ingénieur, ex-haut commis de l’Etat aux promesses du président. D’ici décembre de l’année en cours, on verra qui a raison. Passons.

Autre réponse ! Marafa reprécise-t-il sa pensée après sa dernière sortie épistolaire vite interprétée par les hauts parleurs du régime de Yaoundé, notamment Grégoire Owona, comme un appel à l’insurrection ? En tout cas, il confie à Assane Diop ne pas croire ou espérer un embrasement. Mais prévient que ce sont les pompiers pyromanes qui, en renforçant les clivages sociaux risquent de mettre le feu aux poudres. Enfin, sur la fameuse « Société de confiance » dont il est le chantre, Marafa montre qu’il y tient comme à la prunelle de ses yeux et que parvenu au bout de ses voies de recours en justice, il compte abandonner la sphère judiciaire pour un « combat » politique, jugé plus principal. Quittant le champ du monologue pour un dialogue, le Prince de Garoua réitère son vœu d’occuper le fauteuil à Etoudi. Seulement, avant de déployer la stratégie qui va l’y conduire, il remet sa volonté de lancer les ogives nucléaires -que constitue son verbe- en direction de Yaoundé. Et ce, même si le camp d’en face cessait les hostilités. Car dit-il, même si ses adversaires cessaient de dire des mensonges sur lui, il ne cesserait pas de dire les vérités sur eux.

 

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