Cameroun - Transports. Avions chinois : c’est la qualité qui fait le plus peur

Hervé B.Endong | La Nouvelle Expression Vendredi le 05 Juillet 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Selon plusieurs experts, les avions MA 60 de fabrication chinoise commandés par le gouvernement camerounais pour Camair-Co ne sont pas de bonne qualité.

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 Même si le ministre des Transports pense le contraire. C’est depuis le mois de juillet 2012 que le gouvernement a pris l'option d'acheter des avions MA 60. En effet, le contrat a été signé précisément le 4 juillet 2012, à Yaoundé entre l’Etat du Cameroun et Avic International Holding. De manière générale, le contrat paraphé à Yaoundé devait permettre à la flotte de Camair-Co, la compagnie aérienne nationale, de s’enrichir de trois nouveaux aéronefs. D’une capacité de 48 places chacun. Ces avions de types MA 60 étaient sollicités pour desservir essentiellement les chefs-lieux de région. « Nous voulons que les populations de toutes les dix régions du Cameroun puissent se rencontrer, se brasser, sans difficultés. Et il n’y a pas meilleur moyen pour ça que les avions », a expliqué le ministre des Transports (Mintrans). « Le gabarit de ces avions à hélices facilite leur décollage et leur atterrissage sur des espaces réduits, comme dans nos aéroports domestiques », a ajouté Robert Nkili, qui présageait déjà un avenir prometteur pour la compagnie aérienne nationale.

« Ces appareils permettront à Camair-Co de véritablement devenir une étoile pour notre pays », a prophétisé ex-« Monsieur dialogue social » qui, dans la foulée, a annoncé un vaste programme de réhabilitation des aéroports nationaux. Le premier vice-président d’Avic, Xu Bo, vice-président d’Avic, qui a signé pour la Chine a rassuré que le premier aéronef devrait être livré d’ici au plus tard en septembre 2012. C'est-à-dire il y a dix mois. Qu’est ce qui s’est donc passé pour qu’aucun des avions promis à Camair-Co ne soit arrivé et que ce soit plutôt le ministère de la Défense qui en reçoit un ? Dans l’ensemble, ce sont les réserves relatives à la qualité et la fiabilité de ces avions qui seraient en train de retarder la décision des autorités suprêmes du pays, le président de la République notamment, qui a la triste expérience des mauvais avions. C’est d’ailleurs ce qui a poussé un député à questionner tous ces aspects lors des questions orales aux membres du gouvernement le vendredi 28 juin 2013, révèle Mutations dans son édition du 1er juillet dernier. Toujours au sujet de la qualité, le confrère apprend que le 7 février 2013, une dépêche du magazine African Aviation tribune, a annoncé que le Zimbabwe avait décidé de retirer de la flotte de son transporteur national, les trois MA 60 acquis quelques années plus tôt, pour rajeunir son parc d'aéronefs.

Insatisfaction des clients
Au sein de la compagnie Air Zimbabwe, apprend-on, les responsables parlaient «d'insatisfaction des clients», pour justifier cette décision. A noter aussi que l'arrivée de ces avions a été critiquée par plusieurs services et administrations, notamment l'Autorité aéronautique (Ccaa). Et pour cause, souligne Mutations, les fabricants chinois opposent une fin de non recevoir aux autorités camerounaises quant à la mise à leur disposition des documents de l'appareil. «Ces avions ont des manuels en chinois, nous leur avons demandé de les traduire en anglais afin qu'on prenne connaissance des paramètres des appareils, mais les Chinois résistent; nous sommes passés par l'Organisation de l'aviation civile internationale (Oaci) pour qu'elle serve d'interface entre les fabricants et nous. Mais ils n'y parviennent pas», indique une source proche du dossier citée par le confrère.

On note ainsi que les experts de l'autorité aéronautique ont émis de sérieuses réserves quant à la certification de ces appareils. «Lorsqu'une compagnie aérienne passe la commande d'un avion auprès d'un avionneur, elle certifie toutes les étapes de sa fabrication qui vont de la partie technique à l'habillage intérieur, en passant par la peinture. C'est-à-dire que la compagnie, à travers les experts de l'aviation civile de ce pays, est invitée à chaque étape, à venir approuver les plans de départ; et le même processus de certification s'étend au niveau du centre de maintenance qui va s’occuper de la prise en charge des pannes des appareils; Mais dans le cas des avions chinois, rien de tout ça n'a été respecté», indique un cadre de l'autorité aéronautique. On apprend ainsi que les avions MA 60 n'ont jamais fait l'objet de certification de la part des autorités camerounaises. «La délégation camerounaise partie en Chine n’a pas certifié les MA 60. Elle a trouvé des avions déjà peints aux couleurs du Cameroun; du coup, ca pose un problème de réglementation parce que ces avions sont destinés au transport des passagers en provenance de divers, pays du monde», retient-on. Malheureusement, le Mintrans s’accroche. Et continue à vanter à cor et à cri ces avions. Selon Robert Nkili, «les avions chinois ne sont pas si mauvais qu’on le pensait».

Le Mintrans a expliqué aux élus du peuple que la fabrication des avions relève aujourd’hui de la mondialisation. «Les pièces d’avions sont fabriquées dans divers pays dans le monde. Les avions MA 60 ont des moteurs américains, ils ne sont pas chinois », a fait savoir le Mintrans. Pour étayer son argumentaire, il a expliqué aux députés que, c'est cet avion qui a assuré le transport des otages français enlevés dans l'Extrême-Nord le jour de leur libération le 19 avril dernier. Malgré cela, la Ccaa reste campée sur sa position, en relevant le fait que les militaires ne sont pas assujettis au processus de certification d'un aéronef, parce qu'il n'est pas destiné au transport civil. On s’achemine inexorablement vers une bataille entre la Ccaa et le Mintrans.

 

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